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composés de deux pièces et d’une cuisine, d’un loyer annuel de 210 à 320 fr. ; un atelier d’assistance par le travail pour les femmes enceintes ou ayant accouché ; un dispensaire avec buanderie pour les enfans tuberculeux adultes et enfin une maison-école d’infirmières. Cette maison-école a été ouverte en 1905, inspirée par la même pensée qui a présidé en Angleterre à la fondation des Nurses, et installée dans un vaste et paisible immeuble. Toute l’instruction est pratique, donnée par les notoriétés du corps médical et complétée par des stages dans les hôpitaux. La maison-école place ses élèves moyennant un droit très modique d’abonnement et leur offre, en cas de chômage et dans les intervalles de leurs gardes, un asile qui les reçoit toujours.

Plaisance est un quartier où l’on ne va guère. Il est très éloigné, et, pour y parvenir, il faut traverser des rues où les bars voisinent avec les cafés-concerts, remplis de filles en cheveux, et de jeunes malandrins. On ne fait pas dix pas sans y entendre une ordure, et les enfans disent les mots les plus grossiers d’un air si naturel qu’on est plutôt, il faut l’avouer, apitoyé ou surpris qu’indigné. Et pourtant, dans ce quartier, où la foi est plus que tiède, un prêtre, l’abbé Soulange-Bodin, a pu réaliser des merveilles. En le choisissant elle aussi pour y organiser son Assistance maternelle et infantile, Mlle Chaptal a dû se rappeler cet apologue oriental qui montre les plus belles fleurs s’élevant des terrains les plus sauvages. Quand je me rendis à Plaisance pour connaître l’œuvre, je pénétrai, laissant à ma droite l’école des infirmières, dans une manière de petite boutique. Dans une salle carrelée, des femmes, assises contre le mur sur des bancs, portaient toutes entre leurs bras un nourrisson. Femmes amaigries, presque décharnées, aux yeux creusés, aux cheveux rares et pauvres. En face d’elles, des jeunes filles, — les élèves-infirmières de l’école, — se tenaient vêtues d’une blouse blanche, debout devant une table sur laquelle était posée une balance. Chaque mère, à son tour, s’avançait ; une jeune fille plaçait le nourrisson sur la balance ; une autre inscrivait le poids sur une fiche au nom de l’enfant, et cette fiche contenait déjà diverses indications. Le médecin consultant arriva bientôt, examina les enfans d’abord, vérifia leurs pesées, prescrivit pour quelques-uns des médicamens, délivra des bons de lait et de farines alimentaires, puis examina les mères. À celles qui étaient insuffisamment nourries pour allaiter avec succès, il fit donner des bons