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encore qu’il dépendît de lui, en restant à Rome, de lui donner un caractère définitif.


« Mais à propos de Rome, ajoutait-il, puisque vos idées ont pris un cours étranger à l’administration pratique de la justice, et que les occupations diplomatiques vous conviennent davantage, pourquoi ne pas demander d’y être envoyé ? M. de Barbaroux ne s’y trouve qu’en mission extraordinaire et l’on ne pourra vous refuser, quand vous renoncerez, pour y venir, à ce qu’on appelle chez vous une place éminente. Vous vous trouveriez fort bien à Rome sous tous les rapports. Vous savez d’ailleurs qu’on y est toujours pour de longues années. M. le cardinal de Bernis l’a prouvé, et je voudrais, si vous étiez ici, suivre l’exemple de mon illustre prédécesseur. Sans cela, mon cher comte, je veux m’éloigner incessamment de toutes les affaires pour jouir en paix du bonheur que je trouve dans ma famille et des souvenirs dont ma conscience est aussi satisfaite que mon amour-propre.

« Je vous ai écrit, il y a plus d’un an, par le fils du duc de Serra Capriola ; vous me répondîtes peu de temps après. Ma réplique suivit de près votre lettre, et votre silence depuis cette époque m’a étonné. Auriez-vous été peu satisfait des explications que vous me demandiez ? M’en voudriez-vous encore pour la publication, avec des notes, d’un ouvrage réimprimé sans que j’en aie eu connaissance ? Enfin, cher comte, ai-je encore à vos yeux quelque tort ? Dites-le-moi avec la franchise qui vous est naturelle et croyez que votre amitié n’aura jamais de reproche à me faire. »


Cette fois, tous les malentendus étant dissipés, la réponse de Joseph de Maistre ne se fit pas attendre. Il était encore à Saint-Pétersbourg, mais il se préparait à en partir, et sa lettre du 5 avril 1817 est la dernière qu’il ait écrite à Blacas, de la capitale russe.


« Votre idée sur Rome m’était venue et vous ne sauriez Croire combien cet accord m’a plu. Je ne balance pas comme homme, mais beaucoup comme père de famille, car je pourrais obtenir à Turin telle place qui favoriserait beaucoup leur établissement. Nous verrons ; mais je puis bien vous assurer, mon