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des chemins de fer d’Anatolie ; d’autre part, la Porte a contracté un emprunt de 54 millions à 4 pour 100, pour gager l’annuité de 12 000 francs qui assure le paiement des intérêts et l’amortissement du capital de construction. Grâce à cette combinaison, la Deutsche Bank a pu constituer à Berlin, Vienne et Paris, le capital du tronçon déjà exploité d’Erégli-Boulgourlou.

Il s’agit maintenant d’aborder la section, infiniment plus coûteuse, qui doit franchir le Taurus et gagner Adana. Nous avons dit que les ingénieurs de la construction n’attendent qu’un ordre pour attaquer les travaux. Mais c’est l’argent qui laisse à désirer. La garantie, d’après un accord de 1904, serait gagée par des ressources à provenir de la majoration douanière. On. sait qu’il est question, depuis près d’un an, d’élever de 8 à 11 pour 100 les droits de douane ad valorem sur les marchandises étrangères importées dans l’empire ottoman. Cette surtaxe a pour but déclaré de permettre l’accomplissement des réformes en Macédoine. On espère équilibrer ainsi le budget des trois vilayets rouméliotes et rendre disponibles les excédens de revenus anciens concédés à la Dette, qui seraient affectés à la garantie d’intérêt du chemin de fer de Bagdad. Ce serait le moyen de gager, outre la section Boulgourlou-Adana, une notable fraction du réseau. Mais les tarifs douaniers de la Turquie résultent de « capitulations, » et l’assentiment des puissances est indispensable à leur relèvement. Le Sultan a bien essayé, en 1902, de brusquer la réforme en décidant, seul, d’appliquer une augmentation des droits : aussitôt les protestations de l’Angleterre et de la Russie firent rapporter cette mesure. Il a donc fallu se résoudre à une entente préalable avec les puissances qui n’y mettent pas toutes la même bonne volonté. Des négociations laborieuses se poursuivent à Constantinople, avec des péripéties diverses.

Les ambassades énumèrent sans hâte les conditions posées par leurs gouvernemens respectifs : révision de lois contraires aux intérêts du commerce européen, loi sur les mines, les analyses en douane, les marques de fabrique, l’emmagasinage du pétrole ; sûretés demandées à la Porte (garantissant que le produit de la surtaxe ira combler le déficit budgétaire des vilayets de Salonique, Kossovo et Monastir ; engagement de ne pas frapper les opérations douanières de nouvelles taxes sous la forme de droit de timbre ou de toute autre manière. Enfin, à côté de ces