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assez tardive de style ; deux lions de facture asiatique, peut-être persane, sur les deux côtés de la porte, en gardent l’entrée. L’architrave est décorée de têtes de méduses. Le large escalier se développe, toujours plus imposant, car, au fur et à mesure de la montée, la gorge devient de plus en plus profonde, déchirée, sauvage, et le lit du précipice se perd enfin dans l’obscurité. A certains endroits, les marches ont disparu. Dans d’autres, il n’y en a plus que des vestiges, mais aussi quelques parties sont encore bien conservées et dans ces coins préservés par la nature, on s’imagine ce qu’étaient les longues processions, les files ininterrompues des pèlerins d’autrefois, s’en allant vers le temple il y a près de deux mille ans.

Ils montaient sur ces mêmes marches ; un peu d’eau qui coule, un souffle de vent donnent presque l’impression du bruit de leurs sandales sur les grès rugueux. Des paliers ont été ménagés et pendant qu’on s’y repose, la vue s’envole vers les montagnes lointaines, toutes mauves dans leur bain d’azur. On débouche enfin sur une large esplanade formant le parvis du temple.

Lui aussi a été pris dans le rocher, malgré ses proportions colossales, car il mesure 45 mètres de développement sur 42 mètres de hauteur, c’est-à-dire qu’il est plus large et plus élevé que la façade de la Madeleine avec son soubassement Taillé dans le style et sur les plans amplifiés du Khasr Fir’aoun, il n’en a ni le charme, ni la grâce ; mais par sa puissance paisible, le manque de décorations accessoires, le ton foncé de ses grès, il est bien le sanctuaire quasi éternel devant se perpétuer à travers les siècles et ne pouvant disparaître qu’avec la montagne elle-même dont il fait partie. Conçu à deux étages, deux pilastres aux extrémités et six robustes colonnes soutiennent une corniche à gorges ; au-dessus de cette corniche, se trouvant à mi-hauteur et partageant, pour ainsi dire, horizontalement le monument en deux, il y a l’étage supérieur. Les pilastres, aux extrémités, se répètent, puis le fronton coupé, soutenu par quatre colonnes et, enfin, au centre, la lanterne avec ses deux colonnes, dont le toit très fuyant est couronné par une urne.

Les niches, au nombre de cinq, trois en haut et deux en bas, des deux côtés de la porte, sont vides de statues. Au milieu de l’édifice, la porte donne accès dans l’intérieur de la chapelle, qui