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bonne volonté ; que cette bonne volonté s’appliquât à s’élever à la hauteur des circonstances et opposât aux pessimistes un éclatant démenti. Dès le 8, en même temps que M. de Radowitz donnait lecture des « réflexions que lui avaient suggérées les idées exposées à la précédente séance, » réflexions qui aboutissaient au refus de la solution franco-espagnole, M. de Welsersheimb déposait le projet transactionnel qu’il avait annoncé le 7 à M. Révoil. Et le dépôt seul de ce projet indiquait que l’Allemagne ne s’obstinerait pas dans son refus. De son côté, M. Révoil, en commentant le projet français, déclarait officiellement, ce qu’il avait dit le 17 février, que, si satisfaction nous était donnée sur la nationalité des instructeurs, nous ne refuserions pas d’examiner de nouvelles garanties. Le 10 enfin, M. de Radowitz se ralliait à la proposition Welsersheimb et, qui plus est, reconnaissait qu’il y avait beaucoup à prendre, tant dans le projet français que dans le projet autrichien. Il ajoutait que le comité de rédaction devrait travailler à les concilier.

L’allure générale du débat était donc excellente. Il était impossible d’équivoquer : l’accord, de l’aveu du plénipotentiaire allemand, devait s’établir « sur les bases des deux projets français et autrichien, » que le comité de rédaction « tâcherait de mettre en harmonie. » En d’autres termes, on modifierait chacun des deux projets de façon à les rendre acceptables. Sur quels points ? La réponse était facile. Qu’on ajoutât au projet français l’inspection dont il ne parlait point, et qu’on effaçât du projet autrichien, avec le régime spécial de Casablanca, l’extension abusive des pouvoirs de l’inspecteur, l’entente était faite. C’est à la rendre possible que venait de s’engager M. de Radowitz. Tout le monde le comprenait ainsi, et quand, aux observations de sir Arthur Nicolson et de M. Révoil sur les inconvéniens qu’il y aurait à donner à l’inspecteur le commandement d’un port, le plénipotentiaire allemand ne répliqua rien, le sens, si clair déjà des paroles prononcées par lui, se précisa encore. La mission du comité de rédaction, à qui les deux projets étaient renvoyés, serait, cette fois, sans écueils : la combinaison des textes en présence, si nettement prévue par le représentant de l’Allemagne, se réaliserait aisément par la concession mutuelle que tout paraissait indiquer. Et M. Révoil exprimait l’opinion générale, lorsqu’il se félicitait de l’esprit de conciliation qui venait de présider au débat. L’Allemagne, après des mois de mauvaise humeur, allait-elle