Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
POÉSIES


LE JOUR PARAIT


Vierge, réveille-toi, le jour commence à poindre ;
Il faut quitter ta couche et venir me rejoindre.
Lisse tes cheveux blonds épars pendant la nuit ;
De suaves parfums embaume ton réduit !
J’aime ton front d’ivoire et ta lèvre rosée,
Et le doux velouté de ta voix cadencée,
J’aime le beau regard, enfant, de tes grands yeux
Si francs et si naïfs, miroir de camaïeux.
Que l’air pur du matin caresse ta peau fraîche
Comme un bouton d’avril, comme un duvet de pêche.
Semblable à la gazelle, au bord du clair ruisseau,
Légère, on te verra descendre le coteau.
Ton rire est un poème et depuis ton enfance
Il attire et retient par sa jeune innocence.
Viens sous la treille, ô vierge, et bois le jus vermeil
De ce raisin doré par les feux du soleil.
Viens dans le gai verger cueillir la pomme mûre
Qui fait craquer la branche en sa verte ramure ;
Prends le fruit et le miel, ma joie et mon bonheur,
Et donne le baiser que désire mon cœur.