elle et la Russie à travers le monde, en Perse par exemple, ce n’est pas l’Allemagne qui le trouvera mauvais. Le rapprochement anglo-russe n’a rien qui lui porte ombrage. « Nous ne devons pas, a déclaré le chancelier, faire entrer dans nos calculs politiques comme élément invariable l’antagonisme de la baleine et de l’éléphant. » Et plus loin : « Cultivons nos amitiés et nos alliances, a-t-il dit, et nous n’aurons plus à nous montrer inquiets quand des ententes seront conclues entre d’autres sur des questions qui s’ouvrent au loin et qui ne nous regardent pas directement. Nous ne pouvons pas vivre des querelles d’autrui. » Ce langage est plein de bon sens. Il est rassuré, il n’a pas été au même degré rassurant. Pourquoi ? Parce que, dans maint passage du discours, une note évidemment pessimiste a remplacé la noie optimiste d’autrefois ; parce que la parole de M. de Bülow n’a pas paru aussi vive, alerte, dégagée qu’à l’ordinaire ; parce que le conseil qu’il a donné à son pays avec le plus d’insistance a été de rester armé jusqu’aux dents. Sans doute ce conseil n’a rien de nouveau dans une bouche allemande, et il est bon partout ; mais M. de Bülow a fait allusion en passant aux « malveillances auxquelles est secrètement en butte le peuple allemand dans le monde. » « Que nous soyons entourés de difficultés et de dangers, a-t-il dit en terminant, personne ne le sait mieux que moi ; ce sont nos compagnons assidus. Ils résultent de notre situation géographique et des motifs que j’ai indiqués : pour surmonter ces difficultés et ces dangers, il est nécessaire d’être calmes, d’avoir conscience de notre valeur, d’avoir confiance dans notre force. »
On voit le ton du discours de. M. de Bülow. Qu’il n’ait pas complètement rasséréné l’opinion germanique, on a pu le reconnaître bientôt après, lorsque le bruit a couru qu’un traité allait être conclu entre le Japon et la France. Ce bruit est venu de France ; on aurait pu attendre pour le répandre que le fait qu’il fait prévoir fût accompli ; le gouvernement semble avoir voulu en faire concorder l’apparition avec la réouverture du Parlement, ce en quoi il a obéi à des préoccupations de politique intérieure plutôt que de politique extérieure. Nous ne connaissons pas encore notre traité avec le Japon : il comprendra probablement la garantie de nos possessions respectives, et on ne voit pas très bien ce qu’il comprendrait si ce n’était pas d’abord cette clause. Mais peut-être en exagère-t-on l’importance en Allemagne. Il ne s’agit là, pour emprunter les expressions de M. de Bülow lui-même, que d’« une question pendante dans un de ces pays qui ne touchent l’Allemagne que d’assez loin ! » Cependant l’opinion allemande s’en est