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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/679

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massacrant les chrétiens serbes, et attaquaient Mitrovitza où l’un d’eux assassinait le consul de Russie. Les bandes bulgares, que l’hiver avait à peine arrêtées, reprenaient la campagne, sous l’impulsion énergique de Sarafof. A Yildiz, le Sultan hésitait, n’osant pas sévir contre ses fidèles Albanais ; mais il mobilisait des troupes et les accumulait le long des frontières bulgares. A Salonique, Hilmi Pacha, désarmé, n’osait agir. A Sofia, le cabinet, présidé par M. Daneff, se retirait sous la pression de l’opinion publique ; les stamboulovistes, partisans d’une politique moins docile à l’influence russe et d’une action plus vigoureuse en faveur des Macédoniens, arrivaient au pouvoir avec le général Petroff et M. Petkof et faisaient ostensiblement des préparatifs militaires. L’été se passa au milieu d’alarmes d’où l’on pouvait craindre à chaque instant de voir sortir la guerre générale dans les Balkans. L’action des bandes et la répression turque contribuaient également à terroriser la Macédoine. L’exode des paysans vers la principauté s’accentuait, et le gouvernement bulgare avait peine à contenir la colère de l’opinion et l’enthousiasme de l’armée. La note du général Pétroff, du 31 août/13 septembre, où il déclarait que : « si nous ne recevons pas des assurances de nature à dissiper nos appréhensions, nous serons obligés de prendre les mesures nécessaires pour être prêts à toute éventualité et pour nous mettre à l’abri de toute surprise, » marque, dans cette tragédie compliquée, le moment le plus critique. Les conseils énergiques des puissances parvinrent, encore une fois, à comprimer les forces explosibles prêtes à éclater ; mais il devenait évident que les remèdes trop anodins du programme de Vienne étaient insuffisans et qu’il fallait obtenir, — au besoin prendre, — des garanties d’exécution. L’ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg écrivait, le 27 août, à M. Delcassé : « Pourquoi les ambassadeurs n’étudieraient-ils pas la suggestion du comte Lamsdorff lui-même de placer près de Hilmi Pacha une sorte de délégation des puissances qui le contrôlerait et l’appuierait à la fois[1]. » Le ministre approuvait son ambassadeur : « L’essentiel est d’arriver à un contrôle, condition indispensable de l’exécution des réformes et de l’établissement de la paix[2]. » On annonçait une prochaine entrevue des deux empereurs de Russie et d’Autriche. Mais, à Vienne et à

  1.  ? Livre jaune, 1903-1905, no 23.
  2. Id., ibid., no 25.