Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/685

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par les ambassadeurs, formule ainsi le compromis auquel on aboutit : « leurs attributions consisteront en la réorganisation de la gendarmerie et en l’application et l’observation du règlement dans la partie relative au service, le commandement appartenant aux officiers ottomans. » Ici encore, le principe de la souveraineté du Sultan et de ses représentans est sauvegardé. Dans l’application, le rôle d’inspection et de réorganisation dont étaient chargés les officiers serait ce que leur gouvernement et eux-mêmes le feraient. M. Constans, lorsqu’il fut amené à examiner la question, s’inspira directement des termes du programme de Mürzsteg et distingua nettement les fonctions du général Degiorgis de celles des délégués étrangers. Le 4 juillet 1904, il écrivait au colonel Vérand, à Sérès :


Pour toutes les questions techniques ayant trait à la réorganisation de la gendarmerie et au fonctionnement de celle-ci, les délégués étrangers, étant les adjoints du général Degiorgis, doivent être en contact permanent avec lui, quand ces questions, tout en gardant un caractère technique, deviennent, par certains côtés, politiques.

Mais la situation se modifie quand les affaires soumises aux délégués étrangers n’ont plus rien de technique et sont exclusivement de nature politique. Le général Degiorgis a, en effet, un mandat limité, dans l’accomplissement duquel il dépend de la Sublime-Porte, tandis que les délégués étrangers, restant les agens de leurs pays respectifs, n’ont pas, à leur activité, des limites aussi précises que celles imposées au général ; et, du terrain purement technique où se trouve confiné ce dernier, ils peuvent, ils doivent même sortir toutes les fois qu’ils sont saisis d’une affaire touchant « l’œuvre générale des réformes et l’apaisement politique du pays. »

Si donc des affaires de cette nature venaient à se présenter dans votre circonscription de Sérès, vous n’auriez pas à en entretenir M. le général Degiorgis, c’est au consul de France à Salonique que vous auriez à les signaler ; et celui-ci, suivant les cas, en saisirait soit les agens civils russe et austro-hongrois, soit l’Inspecteur général, soit encore l’ambassade. Telle est la filière régulière, et j’ai constaté que, pour la circonscription de Drama, l’ambassadeur d’Angleterre s’est prononcé dans le même sens que moi.


Ainsi les officiers français et anglais n’exercent pas le commandement des gendarmes ; mais ils ont, au point de vue politique, pour l’exécution des réformes et la pacification du pays, un rôle d’autant plus étendu qu’il est plus vague.

Au printemps de l’année 1904, les officiers sont arrivés : les Autrichiens ont obtenu le sandjak d’Uskub, les Italiens celui de Monastir, les Russes celui de Salonique, les Français celui de Sérès, les Anglais celui de Drama. Quant aux Allemands, fidèles