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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/713

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les interpellations par lesquelles s’est rouverte la session parlementaire sont déjà loin : elles se sont terminées comme elles devaient le faire, et comme nous avions prévu qu’elles le feraient, en donnant au gouvernement une majorité artificielle, avec laquelle il prolongera sans doute quelque temps encore une vie stérile. La discussion de ces interpellations n’a pourtant pas été sans intérêt, au moins par momens. Les longues harangues de M. Jaurès n’y ont pas laissé une trace durable : jamais le verbe oratoire n’avait caché, sous des redondances plus sonores, une pensée plus incertaine et plus vide. Mais il n’en a pas été de même des discours de M. Briand. Nous y relèverons quelques phrases particulièrement significatives : il nous suffira de les reproduire sans y ajouter des commentaires que leur parfaite clarté rend assez inutiles.

Le désordre est aujourd’hui partout, depuis le haut jusqu’en bas de l’administration, et plus particulièrement parmi les instituteurs. Une politique de réparation est devenue nécessaire. Tout le monde le sent, et M. Briand mieux que personne ; mais on lui a demandé à l’extrême gauche si, étant donné son passé, il était qualifié pour faire la « besogne de fermeté » qui s’impose. « En vérité, a-t-il répondu, je ne comprends pas ce reproche ; il est bien injuste. Cette situation, est-ce nous qui l’avons créée ? elle est le résultat et l’aboutissant de l’imprévoyance que, pendant dix années, on a montrée au point de vue qui nous préoccupe. » M. Briand aurait pu ajouter : et à quelques autres encore. Nous récoltons, aujourd’hui, ce qu’on a semé d’une main prodigue depuis que les radicaux socialistes sont au pouvoir. Quand les libéraux et les modérés dénonçaient le péril, on refusait de les écouter ou on affectait de ne pas les croire.