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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/792

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agis comme tu penses pouvoir en répondre devant Dieu et devant le monde. Prends la justice en guise de bouclier ; fais ce que tu considères comme juste ; sois aveugle dans la condamnation des parjures ; imite ton maître qui repose en Dieu, dans les hauts faits immortels d’Eugène, et sois convaincu que toi et ta famille, maintenant comme à jamais, vous recevrez de Notre Majesté et de tous nos descendans toutes les grâces, faveurs et tous les remerciemens. Quant au monde, il te couvrira de gloire ! Nous le jurons de par Notre Majesté.

« Adieu et bats-toi bien ! »

« MARIE-THERESE. »


Pendant le dîner qu’il donna en l’honneur du grand-duc, Khevenhüller lut aux convives la lettre autographe de Marie-Thérèse. Des larmes jaillirent de ses yeux, et une émotion tout aussi vive s’empara des officiers. Les expressions si simples et cependant si magnifiques de la princesse adorée pénétraient au plus profond de leurs cœurs. On prêta serment qu’on sacrifierait son sang et ses biens pour Marie-Thérèse, et quand le général fit voir à ses troupes les portraits de la reine et de l’héritier du trône, les sabres sortirent de leurs fourreaux, et le nom de Marie-Thérèse devint un cri de guerre. Mais il devint aussi un signal de victoire à Lintz, dont la garnison étrangère se rendit le 23 janvier, et à Passau, qui fut pris le lendemain. Khevenhüller s’avança dans la Bavière sans être arrêté. Oberhaus, Braunau, Burghausen se rendirent et les Autrichiens occupèrent bientôt toute la contrée qui s’étend au Sud du Danube et à l’Est de la ligne Deggendorf-Dingolfing-Ampfing-Rosenheim, à l’exception de quelques points, tels que Reichenhall.

Munich capitula le 14 février, date à laquelle eut lieu l’heureux combat de Mainburg. La rive droite du Danube fut ainsi purgée des troupes bavaroises : il s’agissait maintenant de la prise de possession du reste !

Pour Khevenhüller, ce fut alors la prise de Straubing qui constitua la principale préoccupation. S’il réussissait à prendre cette place, — écrivit-il à Marie-Thérèse, — il n’hésiterait pas « à lancer une idée grâce à laquelle on pourrait faire d’abord des diversions très importantes contre la Bohême et ensuite y exécuter de véritables opérations. »

Mais le nouveau danger, qui commençait à poindre du