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satisfaction à cet égard. Après cet échec, le comte Brühl chercha tous les moyens possibles de se réconcilier avec l’Autriche, à vrai dire en laissant entendre que son amitié devrait être payée à un prix très élevé. Mais il se trompa étrangement dans son calcul : Marie-Thérèse resta inébranlable et elle réussit à rétablir la paix avec la Saxe sans le moindre sacrifice de sa part. Après la ratification des traités du 20 décembre 1743 et du 13 mai 1744, on voulut imposer à la Reine des propositions nouvelles. Il en résulta un retard dans l’arrivée du corps d’armée saxon, circonstance qui contribua évidemment à la chute de Prague.

L’issue de la campagne de 1744 pouvait être taxée d’heureuse. Prague fut reprise, Frédéric II dut évacuer la Bohême, et les Autrichiens envahirent la Silésie. En face de succès semblables, la rapacité de la Saxe ne put qu’augmenter, et elle ne fut nullement assouvie par la quadruple alliance de Varsovie, signée le 8 janvier 1745, alliance qui n’accorda que des subsides et de vagues consolations. Ce fut seulement le 15 mars suivant, que Philippe-Auguste ratifia ce traité, et encore dans la supposition que l’accord, au sujet de la part due à la Saxe dans les conquêtes, serait conclu aussi le plus tôt possible. En vertu du traité de mai 1745, — appelé le traité de partage de Leipzick, — la Saxe prit l’offensive contre la Prusse : pour prix de sa coopération, quelques fractions du territoire prussien lui furent promises. Mais l’armée alliée essuya une défaite sanglante à Hohenfriedberg en Silésie, et elle fut forcée de se retirer en Bohême.

Le courage de Marie-Thérèse ne fléchit pas. Avant comme après, elle n’eut que la préoccupation de recouvrer la Silésie et d’assurer l’élection de son époux. Faciliter la réalisation de ses intentions tant à Dresde qu’à Hanovre était la recommandation principale contenue dans les instructions que Khevenhüller avait reçues pour son voyage.

Marie-Thérèse était convaincue que Frédéric-Auguste III partageait complètement son opinion sur la question de Silésie. S’il ne se comportait pas dans cette affaire comme il convenait, c’était donc « plutôt son indécision que son mauvais vouloir » qu’il fallait en rendre responsable.

La journée de Hohenfriedberg devait servir d’avertissement. Marie-Thérèse sentait qu’il était impossible d’absoudre de tout reproche le commandement de l’armée autrichienne. Elle aurait