obtinrent une majorité de six voix. A Munich, les sept députés prussiens ne l’emportaient qu’à une voix de majorité. Il en était de même à Gunzbourg et dans quelques autres villes. A ne considérer que les mouvemens de l’opinion telle que les élections et la presse la révélaient, il n’y avait aucun doute sur la volonté de la majorité du peuple bavarois de résister à la politique envahissante de la Prusse. Mais Bismarck comptait, en dehors et au-dessus des populations, un auxiliaire précieux, le roi Louis.
Absorbé dans ses rêveries musicales, plus préoccupé d’organiser le théâtre sur lequel on chanterait le Rheingold, que de conduire son royaume, léger, ignorant, superficiel, bercé de continuelles hallucinations, cet étrange souverain vivait dans une complète solitude, ne recevant ses ministres que très exceptionnellement et ne connaissant des affaires que ce que lui en communiquait son chef de cabinet, bien plus puissant que les ministres, dont les conseils ne pouvaient arriver que par lui, et dans la mesure où cela lui convenait ; de telle sorte qu’en ayant à soi le chef de cabinet, on était le maître de l’esprit du Roi et de sa politique. Aussi le parti prussien n’avait négligé aucun moyen pour écarter de cet emploi le patriote Lipowski et le remplacer par Eisenhart qui lui était complètement acquis. En outre Bismarck, en toute occasion, envoyait au roi Louis des paroles complimenteuses, exaltant son orgueil et lui montrant la perspective d’un rôle glorieux à jouer de concert avec la Prusse, dans les États du Sud soumis à sa direction. Quand le Roi prenait la peine de réfléchir, il désirait sans doute la conservation de son autonomie, mais d’une façon vague, sans suite, sans espoir, et il s’était laissé persuader que les véritables partisans de l’autonomie, les conservateurs, étaient ses ennemis. Il les rebutait, affectait de ne prendre en considération ni leurs conseils, ni leurs votes. Il gardait aux affaires Hohenlohe, précisément parce qu’il leur était désagréable[1].
Le roi de Wurtemberg et Varnbühler, très préoccupés de ces tendances fâcheuses et du péril qui, à un moment donné, pouvait en résulter pour eux-mêmes, s’efforcèrent d’arracher le Roi à l’influence de Bismarck, de combattre ses antipathies irréfléchies et de lui montrer où étaient ses véritables amis. Varnbühler vint à Munich exprès. Il eut les plus grandes
- ↑ Stuttgart, 10 septembre.