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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/859

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ou ethnographique, médicale, agricole, industrielle ou linguistique au choix, en tirait la matière de conclusions et statistiques les plus fantaisistes, au moins sommaires. Il suffit de parcourir le Journal Officiel de la colonie et les Annuaires pour relever les flagrantes contradictions que les faits notoires imposent aux affirmations téméraires des années précédentes. Les chefs de province ne s’entendent pas moins à se plaindre d’être trop assujettis par les questions minutieuses de comptabilité dont les petits fonctionnaires, agens respectifs des services divers, devraient avoir la responsabilité directe devant le Gouvernement Général.

Les changemens incessans de postes les obligent à prendre à chaque fois connaissance de nouvelles questions, au contact de nouvelles contingences, et contribuent fortement à déterminer dans leurs esprits ce découragement et cette instabilité de notions coloniales que préparait déjà l’insuffisance d’instruction pratique spéciale. Cette instabilité s’objective en dilettantisme persifleur chez les plus intelligens et en torpeur passive chez les autres. Le général Galliéni posait la nécessité de deux conditions pour le régime actuel : « la sélection d’un personnel européen qui ne fût plus à la merci des tours de départ des listes administratives suivant la méthode officielle ; la stabilité qui d’abord permet d’acquérir une connaissance approfondie du pays et de concevoir des projets à longue échéance, les seuls efficaces, qui garantit ensuite que la population sera ménagée, parce que l’administrateur, assuré d’avoir du temps devant lui, ne se presse plus de couvrir sa circonscription de créations hâtives et insuffisamment préparées pour laisser une trace de son passage » (ce qui a eu lieu précisément sur nombre de points). Il attestait ainsi une psychologie parfaite de ses auxiliaires. Malheureusement, la stabilité d’un grand nombre de fonctionnaires dûment protégés leur a permis de se cantonner paresseusement dans les fiels les plus avantageux et a provoqué les plaintes qui ont entraîné M. Augagneur à envoyer au littoral tous ceux qui résidaient sur le plateau. Ayant pris systématiquement pour point de départ que tout était à refaire et qu’il devait se débarrasser d’un personnel corrompu, il a négocié avec le Département pour diriger sur nos établissemens d’Afrique une cinquantaine de fonctionnaires ayant de l’ancienneté de services dans la colonie au moment même où les Vieux-Malgaches