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commune. Ces landes communales, d’abord affermées pour une période de vingt-neuf ans avec prorogation de vingt-neuf autres années pour les parties qui seraient boisées, furent l’objet de contrats particuliers par lesquels M. de Bélinay se substitua aux habitans titulaires de landes amodiées et put ainsi reboiser 150 hectares environ de terrains communaux. Il avait eu soin de préparer l’opinion publique à ce genre d’opérations par une série d’articles sur le reboisement dans la Corrèze[1], qui forment un excellent traité des essences et des procédés applicables à cette région.

M. Audiffred, sénateur de la Loire, qui a acquis une compétence toute particulière dans les questions de mutualité et de caisses de retraites, a attaché son nom à l’intéressante idée de la mutualité dans l’œuvre du reboisement, en organisant lui-même dans son département des Mutuelles scolaires cantonales et forestières.

La nouvelle conception à réaliser consiste à obtenir des municipalités, de l’Etat, des départemens ou des particuliers, soit par dons gratuits, soit par achats ou par locations à long bail, des terrains de peu de valeur, incultes, à reboiser. Les résultats obtenus par le travail des petits « reboiseurs » sont versés au fonds social de mutualité qui doit servir à constituer leurs retraites pour la vieillesse. Comme la plupart des plants sont délivrés gratuitement aux écoliers par l’administration forestière ; que ceux-ci en élèvent eux-mêmes et que toutes les entreprises de reboisement sont faites aussi par eux, ou tout au moins avec l’aide gracieuse des membres honoraires de leurs Mutuelles, c’est-à-dire que toute la main-d’œuvre est gratuite, on voit tout de suite l’intérêt qu’il y a pour ces sociétés, dont la durée est illimitée, à se charger d’une œuvre qui ne peut réussir qu’avec le temps. Si l’on considère en outre qu’une forêt bien soignée, plantée d’essences résineuses à croissance rapide, donne du rapport après vingt-cinq ans, on peut prévoir combien, dans l’espace de cinquante ans, les revenus de telles plantations seraient rémunérateurs. Donc, financièrement, le résultat ne peut être douteux.

« M. le sénateur Audiffred a précisé le caractère de cette évolution mutualiste dans une communication faite à la Société

  1. De Bélinay, le Reboisement dans la Corrèze, Moniteur du Syndicat agricole de la Corrèze, 1er mars 1889 et suivans.