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toutes les professions, tous les intérêts, auraient leur représentation corporative. A l’arrière-plan des architectures de Kolping et de Schorlemer, un nouvel édifice politique semblait se dessiner, dans lequel la puissance parlementaire serait l’expression naturelle et normale de tous les métiers organisés. Un certain nombre de catholiques westphaliens, appartenant surtout à l’aristocratie, se donnèrent à Soest, de 1864 à 1866, certains rendez-vous où ce rêve s’élaborait : Mallinckrodt, le grand orateur de la Chambre berlinoise, et son beau-frère Hüffer, jouaient dans ces réunions un rôle prépondérant. Nous aurons à nous attarder à Soest lorsque nous étudierons les origines politiques du Centre allemand ; mais il convient de noter, dès maintenant, la nuance sociale qui distinguait les congressistes de Soest. Plus préoccupés des métiers déclinans et de l’agriculture en péril que des misères du prolétariat industriel, ils inclinaient à penser, avec Mallinckrodt, que les ouvriers, après tout, n’étaient pas si mal lotis, et que si l’on devait assurément soutenir toutes les mesures susceptibles de les aider, le relèvement du petit métier demeurait la chose capitale. On retrouvera toujours cette préoccupation, sur certains bancs du Centre allemand ; les députés des petites villes, les députés des campagnes, auront une politique sociale, nous n’osons dire plus conservatrice, mais plus constructrice, que les députés des grandes agglomérations et les députés des faubourgs, soucieux d’obtenir, au jour le jour, pour les ouvriers de l’usine, des réformes urgentes. Dès l’époque dont nous nous occupons, ces deux nuances très distinctes existaient dans cet état-major catholique d’où sortira le Centre contemporain.


IV

« Aujourd’hui, écrivait dans les Feuilles historico-politiques de Munich l’un des représentans de la seconde nuance, quiconque ne prend pas dans la situation interne de la grande industrie le point de départ de ses études, celui-là peut se piquer de vouloir conserver, dans la mesure du possible, un précieux morceau de la vieille société, mais il ne devrait pas dire qu’il travaille à la solution de la question sociale. » On ne pouvait marquer plus fortement qu’à côté de la besogne des Kolping et des Schorlemer, un autre travail social s’imposait : les années 1862 et 1863, où se fondèrent les premières associations de paysans, voyaient