Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du Culturkampf une lueur aussi précieuse, mais il y a un mot de trop. Alphonse Thun aurait fait preuve d’une vue plus exacte encore, s’il s’était rappelé qu’avant même qu’il n’existât un Reichstag et que dans ce Reichstag il n’existât un Centre, le catholicisme, en Allemagne, s’était déjà épanoui comme un parti social ; et qu’il avait parlé comme tel, agi comme tel, avant que des circonstances douloureuses ne l’amenassent à s’organiser, surtout, en parti de défense religieuse.

« 15 000 paysans chrétiens, disait un orateur, le 29 juin 1870, au congrès chrétien social d’Essen, sont déjà, en Bavière, fédérés en une ligue. 15 000 maisons rurales, c’est une base solide. Il y en aura autant, bientôt, sur le Rhin et en Westphalie. 100 000 maîtres artisans sont venus à nos côtés. 80 000 gais compagnons, de l’association du Père Kolping, nous tendent la main. Les associations chrétiennes sociales compteront bientôt leurs membres par centaines de milliers. C’est une armée respectable, je vois dans l’avenir une belle époque. 30 000 prêtres allemands prêteront main-forte. »

On croirait, en lisant ces lignes, assister à une revue d’appel ; il faudra moins de deux ans pour qu’en présence des provocations de Bismarck, la « respectable armée » mobilise.


GEORGES GOYAU.