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Le contribuable et l’électeur, en général, ont jugé cette opération sans indulgence, et des meetings, des comités, voire des conseils municipaux, l’ont qualifiée sévèrement. Il est trop tard pour se demander s’il n’y aurait pas eu « la manière, » et si l’on n’aurait pu, à l’appui de l’augmentation projette, ou d’une autre un peu moindre, donner des raisons plausibles ; si, dans tous les cas, l’on n’aurait pas dû, quoi que valussent ces raisons, les donner franchement, hautement, et pas de biais, en droiture, et pas en confidence, à la tribune. Le fait demeure, et le fait est que les Chambres ont décidé qu’à partir du 1er janvier 1907, sénateurs et députés recevraient 15 000 francs, au lieu de 9000. Mais, dès cette heure, dès cette minute, il est devenu évident que la réforme électorale, qu’une réforme électorale, ne pouvait plus être éludée. De quel front, en effet, ces législateurs retourneraient-ils dans leurs collèges, au jour de la reddition des comptes, — Dies iræ, dies illa ! — réduits à confesser : « La seule réforme d’ordre parlementaire que nous nous soyons senti le courage d’accomplir, ç’a été cette petite affaire de rien du tout que vous savez bien ! » Non ; la « réforme » du 22 novembre ne « passera » qu’à la condition d’être une partie dans un ensemble, que si elle porte avec elle son contrepoids et je ne veux pas dire son excuse, mais sa justification. Nul ne s’y est trompé ; la séance du 22 novembre n’était pas levée que deux propositions de loi tendant, l’une « à la réduction du nombre des membres de la Chambre des députés, » l’autre « à la réduction du nombre des membres du Sénat et de la Chambre des députés, » étaient déposées et renvoyées à la Commission du suffrage universel.

« La Chambre, écrivait M. Bonnevay dans un « exposé des motifs » en trois lignes, la Chambre, au début de la séance, a voté une proposition de loi qui aggrave les charges du pays. Je lui apporte les ressources nécessaires[1]. »

L’autre « exposé des motifs » énonçait :

« Les Chambres viennent de relever le taux de l’indemnité… Peut-être est-il permis de penser qu’il n’y a dans cette matière que deux solutions acceptables : ou la gratuité absolue du mandat ou une rétribution suffisante. Or, la première solution serait

  1. Proposition de loi tendant à la réduction du nombre des membres du Sénat et de la Chambre des députés, présentée par M. L. Bonnevay, député. Annexe au procès-verbal de la 2e séance du 22 novembre 1906. Chambre des députés, neuvième législature, session extraordinaire de 1906, no 457.