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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/298

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d’intérêt soit plus bas, parce qu’elle offre des chances certaines de plus-value.


II

Il ressort de tout ce qui précède que l’agriculture américaine poursuit son ascension continue par des voies tout autres que celles où on l’avait vue débuter il y a un tiers de siècle. Il apparaît que les procédés extensifs et rudimentaires, souvent décrits jusqu’ici et qui semblaient caractériser naguère le fermier transatlantique, ne sont plus les siens, et qu’ils doivent être relégués dans le domaine du passé, auquel bientôt ils appartiendront. Il faut en prendre son parti et modifier là-dessus les opinions qui avaient cours il n’y a pas longtemps encore.

On nous disait que « les Américains demandent au sol des moissons successives jusqu’à ce que la terre soit épuisée ou qu’il faille la laisser en friche ; qu’en certains endroits les fumiers s’accumulent dans les parcs à bestiaux et les étables et que, plutôt que de s’en débarrasser pour recouvrir les champs, on démonte les hangars et les bâtisses pour aller les reconstruire dans un lieu moins encombré. » Or, cela n’est plus vrai du tout. Et ce qui ne l’est pas davantage, c’est la situation soi-disant précaire et gênée du fermier, qui « pliait, disait-on, sous le poids des hypothèques dont sa terre était chargée. » Tout au contraire. Les banques locales sont embarrassées du dépôt de ses économies en attendant qu’il en trouve l’emploi.

En même temps, cette terre banale et gratuite, dont la loi donne 65 hectares à tout nouvel occupant, s’est extrêmement raréfiée. Il n’y a plus de tribus des Nez-Percés à chasser devant soi pendant des centaines de kilomètres derrière les Montagnes Rocheuses. Il ne se voit plus de ces peuplemens soudains, comme on en voyait encore il y a vingt ans, dans le territoire d’Oklahoma ou dans l’enclave du Cheyenne Hiver, vendue par les Sioux. A l’heure où le canon annonçait l’heure d’entrée officielle, fixée par décret, les spéculateurs et les colons futurs, massés sur la limite, se précipitaient en foule pour aller planter les quelques pieux qui les constituaient propriétaires et courir ensuite faire constater leur droit.

Il se fonde toujours des villes où se transportent à la fois des hôteliers et des artisans, des fournisseurs, des journalistes et des