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le liquide dominant : 160 millions d’Anglais, d’Allemands, d’Autrichiens, de Scandinaves, de Belges, de Suisses, et même de Russes, — quand ils ne boivent pas de thé, — ne connaissent que la bière. Le vin n’a même pas pour lui la totalité de la France, puisque 11 de nos départemens de l’Ouest consomment presque exclusivement du cidre et 3 ou 4, dans le Nord, se contentent de leurs brasseries locales. Il ne reste pas 32 millions de nos concitoyens à user journellement de vin.


VIII

Préoccupés d’affranchir autant que possible leur vaste territoire, doté de climats si divers, du paiement de tout tribut à l’étranger, les États-Unis viennent d’inaugurer la culture du thé. Ils en ont planté dans le Texas et dans la Caroline du Sud ; son goût est excellent et il paraît démontré que les variétés les plus importantes, — sauf celles de Ceylan, — se prêtent chez eux à une récolte approchant celle qu’elles donnent dans leurs pays d’origine. Les enfans nègres sont employés à la cueillette et, suivant la pente de leur génie propre, les Américains ont inventé déjà deux machines nouvelles : l’une pour polir le thé, aux moindres frais, et lui donner une meilleure apparence ; l’autre, pour stériliser la feuille qui se flétrit dans le thé vert.

Ils ont planté le camphrier en Floride, et la gomme brute, obtenue par la distillation, s’est trouvée d’une qualité telle, que la production du camphre sur une échelle commerciale a aussitôt commencé. Ils cultivent maintenant à Porto-Rico le café et le cacao ; leurs efforts pour acclimater le caoutchouc un peu plus au Nord, en dehors des régions tropicales, ont échoué ; mais, depuis cinq ans, profilant de l’établissement, sur différens points des États du Sud, de colonies d’Italiens instruits et capables, le gouvernement fédéral a entrepris d’introduire l’élevage du ver à soie.

Il a acquis des œufs garantis en Italie et des dévidoirs en France. De France aussi il a fait venir des filateurs à Washington, où ils ont instruit dans leur métier des jeunes filles américaines. Les œufs ont été distribués à tous les possesseurs de mûriers, à qui l’État achète, au prix courant de l’Europe, les cocons qu’il fait filer et dont il vend la soie à ses risques. Le procédé est répété chaque année. Présentement, ce n’est qu’un