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est en voie de réalisation ; la conclusion, qui s’ensuit naturellement, c’est que, avant deux ans, à l’expiration du mandat des agens, des conseillers et des officiers, il ne restera qu’à remercier tout ce personnel européen de ses bons services et à s’en remettre du gouvernement des trois vilayets aux fonctionnaires de Sa Majesté Impériale. Si l’on demande leur avis aux conseillers financiers, il ne faut pas les presser beaucoup pour qu’ils répondent qu’avant leur arrivée, le bilan de l’activité des agens civils était à peu près nul. De leur côté, les agens civils laissent entendre que la création de la Commission financière n’était pas indispensable et qu’ils en pouvaient eux-mêmes, aussi bien, remplir les fonctions. Le général Degiorgis est un optimiste : sa situation éminente en Macédoine, sa parfaite entente avec Hilmi Pacha, le portent à envisager le présent sans tristesse et l’avenir avec confiance. Les officiers des diverses nationalités, en contact permanent avec les populations, souvent appelés à constater les attentats ou les abus, aux prises, dans les petites villes, avec l’inertie séculaire des administrations turques, se montrent moins satisfaits du résultat des réformes et plus sceptiques sur leur avenir. Parmi ces jugemens contradictoires, comment discerner la vérité ? Cependant, un certain nombre de faits positifs sont d’ores et déjà acquis. La réorganisation de la Macédoine, après plusieurs siècles de régime turc, ne saurait être l’œuvre d’un jour ; or, il n’y que trois ans qu’ont été institués les premiers organes de contrôle, et il n’y a qu’un an que la Commission financière fonctionne.

Il serait injuste de dire que l’activité des agens civils, durant ces trois années, n’a pas donné de résultats ; mais il faut, pour apprécier leur œuvre, se placer à leur point de vue. Leur rôle a été volontairement effacé ; leurs instructions leur permettaient, non pas de se substituer aux fonctionnaires ottomans ; mais seulement de les appuyer en les éclairant. Ils ont reçu et examiné des milliers de plaintes, fait réparer quelques injustices, redresser quelques abus, obtenu le changement de quelques fonctionnaires ; ils ont secondé Hilmi Pacha dans sa tâche difficile, ils lui ont signalé des réformes à accomplir ; sous leur inspiration a été expérimenté, dans quelques localités, un régime nouveau pour l’assiette et la perception des dîmes et leur remplacement par une redevance fixe en argent ; les résultats ont été très encourageans, mais il faudra du temps pour généraliser la réforme.