que, autant que possible, elles ne patronneraient que les magasins se rapprochant du « type d’une bonne maison. »
Mais qu’était-ce qu’une bonne maison, et comment la Ligue en entendait-elle la définition ? Une bonne maison, d’après elle, avait quatre caractères principaux :
Salaire. — Une bonne maison est celle où l’on observe le principe : à travail égal, salaire égal ; où, dans le département des femmes, le minimum de salaire est de 6 dollars pour les adultes expérimentés et ne tombe que rarement au-dessous de 8 dollars ; où le paiement est fait à la semaine ; où les amendes alimentent un fonds de réserve au bénéfice des employés.
Heures de travail. — Une bonne maison est celle où la journée de travail dure de huit heures du matin à six heures du soir (avec trois quarts d’heure pour le déjeuner de midi), où une demi-journée de vacances est donnée un jour de semaine (outre le dimanche) durant au moins deux mois de l’été ; où toutes les heures de travail supplémentaires sont payées.
Conditions d’hygiène. — Une bonne maison est celle où les pièces destinées aux repas, au travail et au repos sont séparées et conformes aux principes de l’hygiène ; où la loi des sièges est observée et où l’usage des sièges est permis.
Autres conditions. — Une bonne maison est celle où des relations vraiment humaines et dignes sont de règle entre patrons et employés ; où un service fidèle de plusieurs années est récompensé à sa juste valeur ; où des enfans au-dessous de quatorze ans ne sont pas employés.
Ainsi définie une bonne maison, la Ligue rechercha les magasins de New-York qui réalisaient ces conditions ou qui étaient prêts à les accepter. Cette liste, une fois dressée, fut publiée dans les journaux sous le nom de liste blanche. Il n’y eut d’abord que huit noms sur la liste. Mais les chefs des plus grands magasins, loin de se montrer hostiles à la Ligue, furent pour elle des auxiliaires dévoués : ils comprenaient aussi quelle réclame toute gratuite les acheteurs pouvaient ainsi faire aux magasins. Quelques années plus tard, la ligue de New-York déterminait la création d’autres ligues, à Philadelphie, à Brooklyn, à Chicago. À Philadelphie et à Brooklyn, on protégeait les femmes et les enfans employés à la vente dans les magasins de tissus ; à Chicago, on protégeait seulement les enfans : dans chaque ville on allait au plus pressé. En 1899, une fédération des ligues