établissent définitivement, premiers foyers de peuplement français de valeur supérieure, premiers ménages qui, attachés au pays par une charge professionnelle et par leurs intérêts, en subissent à l’accoutumance la beauté, se naturalisent, fixent autour d’eux des groupes indigènes dans une pacifique domestication, mettent au jour des enfans qui se sentent créoles en grandissant dans l’île, jaloux d’en défendre les intérêts dans une relation étroite avec les progrès de l’expansion française.
Une considération générale s’impose lorsqu’on a étudié le système administratif, l’instruction publique et l’assistance médicale à Madagascar, en un mot le régime d’éducation des indigènes : le gouvernement de la Grande Ile semble avoir poussé jusqu’à l’héroïsme, voire jusqu’au sacrifice, la fierté de tout tirer de lui-même, de faire acte de création, de mener à bout son entreprise sans avoir recours à aucun exemple ni aux ressources d’aucune autre colonie. Nos plus remarquables historiens de la colonisation, M. Leroy-Beaulieu et M. Marcel Dubois, ont cependant mis en valeur que les progrès de l’expansion française dans une partie du monde dépendaient étroitement de la collaboration et de la solidarité entre établissemens voisins. S’ils ont fait ressortir que la prospérité économique mutuelle de deux colonies proches est en raison directe des bonnes relations qu’elles entretiennent, il est encore plus vrai que lorsque l’une est nouvelle, comme Madagascar, et organisée dans des conditions particulièrement difficiles avec des exigences de célérité, et que l’autre, comme la Réunion, a été peuplée à l’origine de Français qui n’y ont pas trouvé d’autochtones et ont transplanté la plus franche civilisation nationale dans l’île où ils se sont adaptés au climat, aux cultures tropicales et à l’éducation des races noires domestiquées par une œuvre de trois siècles, c’est une œuvre, c’est une expérience qu’on ne saurait négliger de consulter.
En vain l’île de la Réunion a-t-elle reçu ses institutions des Français du plus généreux génie, les Dumas, les La Bourdonnais, les Pierre Poivre ; en vain cette île a-t-elle attesté la pureté et la richesse de sa culture française en donnant au cours d’un siècle à la France plus d’écrivains qu’aucun département, Parny, Bertin et Dayot, Leconte de Lisle, Lacaussade et Léon Dierx, Ed. Hervé,