malgré les efforts de son entourage pour l’aigrir contre sa femme, et Madame à se plaire avec Monsieur, malgré les taquineries de « la cabale : » « (1er juillet 1678.) Pour ce qui est de l’idée de Votre Dilection, que, lorsque j’ai Monsieur, je ne demande rien au ciel ni à la terre, il est vrai que j’aime beaucoup à être avec lui[1]. » Ce n’était pas un ménage d’amoureux, chose, au surplus, qui n’était pas de mise au XVIIe siècle, et que Madame était la première à condamner sévèrement ; dans le mariage, disait-elle, l’amour conduit à la haine. C’était un ménage d’amis. Madame s’inquiétait de tout son cœur quand Monsieur était à la guerre : « Je suis si tourmentée ; il s’expose d’une manière inouïe ; on me l’écrit de tous les côtés[2]. » Elle s’ennuyait sans lui : « Le Roi et Monsieur sont absens ; ce n’est pas gai, ici[3]. » Elle souhaitait son retour. A Carl-Lutz, le 7 avril 1676 : « Le Roi et Monsieur arrivent demain ou après-demain. Je serai aussi joyeuse que nous l’étions au Palais-Royal il y a trois ans, l’année où vous êtes venu. » L’année des pétards. Le retour des princes ayant été retardé, elle récrit à son frère : « Le temps me paraît si long. » Autant de sentimens d’un bourgeois achevé, mais qui n’indiquent pas une femme malheureuse. Monsieur, de son côté, commandait les robes de Madame et lui mettait son rouge. Il la soignait quand elle était malade. Nous l’avons déjà vu à l’œuvre, avec le Roi, pendant une simple indisposition de Madame. Il se surpassa en 1675, au cours d’une maladie qui faillit être mortelle.
La duchesse Sophie à l’Électeur Charles-Louis, le 10 avril 1675 : « Je vous envoie ce qu’on me mande de Liselotte, pour laquelle j’ai déjà bien pleuré. Cette bonne princesse a parlé de vous, d’Ernest-Auguste et de moi, comme elle croyait mourir. Le médecin de l’évêque de Strasbourg a été obligé de se cacher, car le peuple l’aurait déchiré. Je ne vous envoie point la lettre de Hinderson[4]et celle que la femme de Jeme écrit à son mari, car vous ne les pourriez lire sans verser des larmes. Le Roi a pleuré aussi, Monsieur ne bouge d’auprès d’elle, la met lui-même sur la chaise percée, la sert mieux qu’une femme de chambre ne saurait faire, avec une passion et une tendresse qui ne se peut