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du haut Oubangui, pays mixte qui participe au commerce congolais du caoutchouc et de l’ivoire. Le chemin de fer de jonction permettra seul l’essor économique de ces confins militaires, en assurant des débouchés locaux à leurs produits. Il sera utile aussi pour consolider notre occupation même, pour l’étendre par rayonnement jusqu’aux limites fixées à l’Est par nos conventions avec l’Angleterre, qu’il faudra bien, un jour ou l’autre, déterminer sur le terrain. Mais c’est là, en somme, un domaine excentrique au Congo proprement dit.


III

Dans ce dernier, les années qui viennent de s’écouler ont été marquées par l’achèvement de la délimitation des frontières et par l’assainissement de litiges dont il subsiste peu de chose aujourd’hui. Rappelons brièvement comment le terrain congolais a été ainsi déblayé de tout obstacle d’ordre international. Le 27 juin 1900, la France signait avec le cabinet de Madrid une convention aux termes de laquelle une enclave était reconnue à l’Espagne, sous le nom de Rio Muni, au Nord-Ouest du Congo français, dans l’angle attenant au Cameroun allemand. C’était un règlement où dominait de notre part le désir de nous montrer sympathiques à l’Espagne ; contre ses revendications, nous ne voulûmes pas nous réfugier dans des chicanes : nous stipulâmes seulement, en faveur de la France, un droit de préemption sur le Rio Muni. Depuis lors, ce territoire a été étudié par des missions de délimitations, espagnole et française. Une série de relations furent publiées tant en Espagne qu’en France, et une carte du Muni fut dressée par les soins d’un des commissaires espagnols, l’ingénieur Enrique d’Almonte (1903) ; pour la frontière orientale du Muni, insuffisamment précisée sur le terrain, il subsiste encore des incertitudes.

De ce côté, par conséquent, un complément de délimitation s’impose, qui fixera sur toute sa longueur la frontière du Congo français. Aussi bien devons-nous signaler que les premières études scientifiques, dans l’intérieur du Muni, avaient été faites avant le traité de 1900 par une mission française, aux droits d’une société dite d’Exploration Coloniale. Celle-ci s’étant trouvée amputée d’une partie de ses territoires lors de la cession