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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/889

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n’est pas encore fixé sur les procédés de cette reconstitution et que, d’autre part, les Sociétés seraient pour la plupart fort empêchées de se procurer la main-d’œuvre stable, nécessaire a un pareil travail. Un jardin d’Essais convenablement doté, trois ou quatre stations d’expériences dans les diverses régions de la colonie, en un mot un service de colonisation qui n’existe pas et pourra instituer des études de longue haleine, telle est une des innovations les plus désirées des colons qui n’ont ni le temps ni les capitaux indispensables pour s’y livrer eux-mêmes.

Mais c’est surtout de travaux publics qu’il faut parler et, plus précisément, de moyens de communication et de transport. Le but de ces travaux est double : faciliter la circulation des marchandises, faire disparaître l’emploi des indigènes comme porteurs, et même pagayeurs. Il serait superflu d’insister sur les inconvéniens du portage, mal dénoncé unanimement, mais contre lequel il est impossible de décréter une interdiction immédiate. Le portage n’est pas funeste seulement, en ce qu’il asservit des êtres humains au rôle de bêtes de somme, trouble la vie de famille et par là même appauvrit la race ; il est encore dangereux parce qu’il met à portée des noirs une industrie qui les détourne du travail de l’agriculture. Le métier de porteur ou de pagayeur, s’il est justement rétribué, humainement dirigé par les employeurs, et tel est le cas de plus en plus général au Congo, est recherché par les indigènes, qui craignent la corvée brutale et non payée, mais acceptent volontiers, trop volontiers, de circuler avec une charge raisonnable sur des itinéraires connus et pour un salaire déterminé. Rien n’est plus urgent, que d’abolir le portage, et le commissaire général a pris déjà, dans cette intention, plusieurs arrêtés qui sont strictement respectés ; la pratique de la réquisition a disparu, et l’on s’attaque maintenant au portage volontaire : c’est dire qu’il faut trouver au Congo d’autres véhicules que des hommes, et aménager en conséquence les voies de communication.

La forêt congolaise ne possède malheureusement aucune race d’animaux de bat : on ne rencontre de chevaux qu’au nord du coude de l’Oubangui, et la mouche tsétsé rend à peu près impossible, en l’état actuel de la science, la descente de cette espèce plus bas que Bania ou Bangui, postes autour desquels on travaille à créer des troupeaux avec des couples importés du Chari. Les éléphans sont nombreux encore dans le nord-ouest