leur installation, le serment suivant : « Je jure devant Dieu de me conformer strictement aux dispositions constitutionnelles et législatives sur l’organisation du culte catholique de la République et d’observer toutes les prescriptions des constitutions et des lois cantonales et fédérales. Je jure encore de ne rien faire contre la sûreté et la tranquillité de l’Etat ; de prêcher à mes paroissiens la soumission aux lois, le respect envers les magistrats et l’union avec tous leurs concitoyens. » L’article 8 accordait aux électeurs de toute paroisse le droit de demander, par une pétition motivée, que leur curé ou leurs vicaires fussent soumis à une nouvelle élection. C’était la négation et la destruction de la hiérarchie catholique. L’article 9 voulait que chaque paroisse fût administrée par un conseil pris parmi les électeurs laïques. Enfin l’article 11 soumettait l’administration des conseils de paroisse au contrôle d’un conseil supérieur, nommé tous les quatre ans par un collège unique, composé de tous les électeurs catholiques du canton. C’était la négation et la destruction du principe d’autorité sur lequel repose l’Eglise catholique.
Il est permis de se demander si le Saint-Siège n’aurait pas pu, avec un peu plus de souplesse diplomatique, prévenir de pareils excès. Mais Pie IX était le Pape de l’absolu. Peut-être aussi pensait-il que la persécution, cette trempe des âmes, serait bonne, en fin de compte, pour l’Eglise de Genève. Et qui oserait affirmer qu’en cela, il se soit trompé !
Dans l’intervalle du vote de la loi constitutionnelle du 19 février par le grand Conseil et de celui de la loi organique du 27 août, les catholiques libéraux de Genève avaient appelé à eux le Père Hyacinthe. Ils s’étaient déjà mis en rapport avec les associations de langue allemande qui avaient refusé de reconnaître l’infaillibilité pontificale ; réunis en assemblée générale dès le 24 février 1873, ils s’étaient empressés d’adhérer aux principes et statuts votés à Soleure et à Olten dont l’élection du clergé par le peuple est l’article fondamental.
Le Père Hyacinthe arriva à Genève le 12 mars 1873. Je n’ai pas à raconter ici comment l’ancien carme était sorti de son couvent d’abord, de l’Eglise romaine ensuite, malgré les affectueuses objurgations de son ami Montalembert, qui lui écrivait le 3 février 1869 : « Vous ne servirez bien la cause qui nous est si chère qu’en restant au dedans, au lieu de vous laisser entraîner ou rejeter au dehors. C’est par là seulement que vous pouvez