autre forme, par où l’égalité aurait pu être rétablie d’une manière plus positive et plus avantageuse pour eux. L’un de leurs députés, M. Fontana, avait proposé au grand Conseil, pour remédier à la situation, un projet de loi rétablissant légalité des citoyens devant le budget. C’est parce que cette proposition fut repoussée que les catholiques se décidèrent à voter la loi Fazy qui rétablissait aussi l’égalité des citoyens, mais, comme l’a dit M. Adolphe Gros, dans la déclaration par laquelle le groupe indépendant l’avait chargé de motiver son vote unanime, « devant l’absence de budget. » Les nationaux auraient été mieux inspirés, et ils auraient témoigné de plus de sens politique, s’ils avaient pris en sérieuse considération la proposition Fontana. Ils ne l’ont pas fait, parce qu’ils prévoyaient avec certitude le rejet de la loi Fazy par le peuple. « Gouverner c’est prévoir : » mais encore faut-il prévoir de préférence ce qui doit arriver.
La conduite des catholiques se justifie donc d’elle-même dans cette affaire de la séparation, puisque aussi bien on refusait de rétablir pour leur clergé les traitemens garantis loin à tour par les traités de Vienne et de Turin et par la loi constitutionnelle de 1868. Sans parler de l’occasion de revanche qui s’offrait à eux contre les intrus de 1873, la loi Fazy abolissait une législation dont ils avaient encore à souffrir, elle garantissait leurs églises et leurs biens cultuels, elle consacrait enfin la liberté des cultes. Et que l’on ne vienne pas dire que les catholiques de Genève n’auraient pas dû voler la séparation, puisque le principe de la séparation est condamné par l’Eglise romaine. Outre que cette condamnation est de pure thèse, et que l’Eglise se peut fort bien accommoder, dans la pratique, d’être séparée de l’Etat, pourvu que l’Etat lui laisse une suffisante liberté, la thèse elle-même n’est applicable, dans la pensée de l’Eglise romaine, qu’à la situation de cette Eglise, et non des autres, vis-à-vis des divers Etats. Or l’Eglise romaine était déjà séparée en fait, à Genève, de l’Etat. En votant la séparation, ce n’était donc pas réellement leur propre séparation d’avec l’Etat qu’ils accomplissaient, mais celle des deux Eglises nationales, l’Église protestante et l’Eglise schismatique. Et ce qu’ils votaient qui les concernât, c’était la liberté chèrement achetée et leurs droits reconquis, c’était non pas la séparation, mais la réparation.
Il ne me reste plus qu’à ajouter quelques mots sur la question dite de Notre-Dame. Notre-Dame, dont les catholiques