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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/928

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REVUE LITTÉRAIRE

GUI PATIN

Aux années d’Anne d’Autriche et de Mazarin, quand régnait dans les rues de Paris et dans l’esprit de ses habitans le désordre le plus pittoresque, un bourgeois de profession austère et d’humeur joviale entretenait avec trois ou quatre amis de choix une correspondance, où il avait soin de noter les événemens politiques, faits de guerre, nouvelles religieuses et curiosités littéraires, sans oublier les scandales, accidens, assassinats et exécutions capitales. Il avait de grandes relations, était en situation d’être bien renseigné ; il était d’ailleurs homme d’esprit, réputé pour sa verve, sa causticité, et certaine disposition d’habitude à dire crûment les choses, en se bornant à appeler le latin à son secours dans les endroits scabreux et quand le picard n’y suffisait plus. Ses Lettres, Gui Patin ne les écrivait probablement pas pour la postérité : à nous être destinées, elles eussent perdu leur plus grand attrait, qui est leur naturel. Mais une heureuse fortune nous les a conservées ; elles sont une des richesses du magnifique trésor épistolaire du XVIIe siècle ; et on comprend sans peine qu’elles aient été souvent réimprimées. Seulement il en est d’elles comme de beaucoup des meilleurs textes de notre littérature : nous n’en possédons que des éditions déplorables. La dernière en date arrachait à Sainte-Beuve des cris de colère. Lui dont la critique est ordinairement courtoise et dont les sévérités sont enveloppées, il se plaignait que les notes en eussent été rédigées par quelque M. Prudhomme, docteur en médecine. Le fait est que l’auteur responsable et coupable de cette édition, Réveillé-Parise, n’était intervenu que pour