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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/940

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REVUES ÉTRANGÈRES

JUGEMENS NOUVEAUX SUR L’ŒUVRE DE SHAKSPEARE


Shakspeare, par Walter Raleigh, 1 vol. in-18 de la collection des English Men of Letters, Londres, 1907. — Shakspeare, par le comte Léon Tolstoï, traduit du russe par J. W. Bienstock, 1 vol. in-18, Paris, Calmann-Lévy, 1907.


Que l’on se représente un jeune sourd-muet entrant, par hasard, dans une salle où un orchestre s’occupe à jouer la Symphonie avec Chœurs ! Avec sa curiosité et sa pénétration habituelles, il observe les mouvemens des musiciens, leurs jeux de physionomie, les gestes affairés de leur chef ; puis ce sont d’autres personnes, jusqu’alors tranquillement assises sur l’estrade, qui se lèvent, ouvrent la bouche, contournent leurs visages en d’étranges grimaces ; et le jeune homme aperçoit aussi, dans la salle, mille signes divers du plaisir inspiré à ses voisins par ce spectacle, nouveau pour lui, et dont personne ne lui a révélé la signification. Mais ce plaisir l’étonne, autant et plus que le spectacle même. « Quelle sottise, se dit-il, et quel manque de goût ! Qu’il s’agisse là d’une séance de gymnastique ou d’une pantomime, combien ce qu’admirent ces insensés est contraire aux lois universelles de l’harmonie et de la beauté ! Certes, la vue d’une suite de mouvemens exécutés, d’ensemble, par un groupe d’hommes, peut être, pour les yeux, une source de très pure et très haute jouissance : mais les mouvemens du groupe qui s’agite et gesticule sur cette estrade, comment ne pas être choqué de leur incohérence et de leur laideur ? Et voici que, au lieu d’en être choqués, comme d’une