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redoutes. A gauche et en arrière de ce bois, des troupes furent échelonnées pour empêcher les alliés de nous tourner de ce côté. Une trouée de 800 mètres séparait Fontenoy du bois de Barry. Derrière cette trouée se tenait notre infanterie sur deux lignes ; plus en arrière, la cavalerie sur deux lignes aussi, et enfin la Maison du Roi.

La bataille commença le 11 mai de grand matin. Les Hollandais attaquèrent Antoing et Fontenoy, mais mollement ; ils furent repoussés. Il en fut de même pour l’attaque des Anglais contre le bois de Barry.

Alors, masqués par le terrain, les bataillons anglais se formèrent en masse face à la trouée et y pénétrèrent. Débordant Fontenoy, ils repoussèrent en désordre nos troupes d’infanterie. Notre cavalerie intervint, fit plusieurs charges qui ralentirent, arrêtèrent les Anglais, mais sans les rompre.

L’armée française paraissait perdue. Il ne restait en réserve que la Maison du Roi et quatre canons. Sur les conseils d’un officier, les quatre canons furent amenés et pointés sur la tête de la colonne anglaise. La Maison du Roi, entraînée par le duc de Richelieu, se lança vaillamment à la charge, pendant que l’infanterie recommençait ses attaques en ordre et de concert. En quelques minutes, la formidable colonne anglaise fut ouverte et céda le terrain. La bataille était gagnée.


II

Voltaire a décrit la bataille de Fontenoy, dans le chapitre XV de son Siècle de Louis XV. Il s’est attaché à diminuer, à rapetisser le rôle du maréchal de Saxe, pour exalter celui du duc de Richelieu. Sa version a contribué à fausser les idées, d’autant plus facilement qu’elle renferme, à côté d’exagérations, plusieurs anecdotes intéressantes, attachantes, glorieuses même, et exactes.

Dès le début, Voltaire insiste sur l’état de santé déplorable du maréchal de Saxe : il était consumé d’une maladie de langueur et presque mourant. Voltaire le croisa au moment où il allait partir pour l’armée, et lui demanda comment il pourrait faire dans cet état de faiblesse. « Il ne s’agit pas de vivre, lui répondit le maréchal, mais de partir… »