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matinées. L’hiver passé, le dimanche est consacré aux sports : aux garçons, les clubs sportifs offrent les jeux violons, football, hockey, etc.  ; le tennis qui réunit jeunes gens et jeunes filles s’est extraordinairement répandu ; on joue partout ; aux Ternes, à Neuilly, à Auteuil tous les terrains non bâtis se sont transformés en « cours ;  » on joue en province autant qu’à Paris. Les habitudes sportives sont une nouveauté. La nouveauté n’est pas moindre d’entendre ces enfans parler couramment l’allemand ou l’anglais : tout petits, en quittant les bras de leur nourrice, ils ont une bonne étrangère. La plus grande nouveauté enfin est peut-être le livre scolaire, surtout le livre d’histoire, celui de géographie et l’atlas. Papier, caractères, disposition du texte, illustrations, couverture même, l’apparence est attrayante, le maniement est commode, et la science ou la littérature sont présentées sous la forme la plus vivante, donc la plus accessible. Si l’on ajoute que, dans la maison même, l’installation et l’hygiène de l’enfant, l’aération de sa chambre, son tub, sa nourriture font l’objet d’un souci constant, on conviendra que dans ces mœurs nouvelles, il trouve une place agrandie, et que des efforts, inconnus hier, sont dépensés pour lui, pour l’amuser et pour l’instruire, pour façonner son corps et son esprit, en somme pour le préparer à la vie.

Ainsi réglée, aidée, ornée, son existence semble meilleure qu’elle n’était, avec les conditions les plus favorables, voici trente ou quarante ans. Ceux qu’on appelait alors des enfans gâtés étaient ou simplement livrés à leur fantaisie, ou associés trop étroitement à la vie de leurs parens : ils ne trouvaient pas une existence tout entière organisée pour eux. C’est ce que tous ont aujourd’hui, et c’est bien en quoi leur sort est préférable. La personne de l’enfant, dans l’éducation nouvelle, ses muscles, ses os, son sang, ses nerfs en constante formation, sa force cérébrale en perpétuel développement, voilà ce qui s’impose à l’attention ; c’est, en lui, l’avenir qu’il représente qu’on prépare.

Le même souci de l’avenir se retrouve, quand on considère l’effort qui a été fait pour les enfans des classes pauvres. Ici le détail de l’existence échappe à l’observation : il varie trop du Nord au Sud, de la vie rurale à la vie ouvrière. Mais un grand trait caractéristique est commun à ces fils d’ouvriers ou de paysans, nés à Lille ou à Marseille, en Bretagne ou dans le