Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 41.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ont triomphé également. Mais nous n’avons pas besoin de dire que cette motion finale, qui contenait un peu de tout, avait été soigneusement expurgée de toute allusion à la grève générale et à l’insurrection prescrite à Nancy en cas de guerre. C’est ce qui aide à voir de quel côté la victoire a été réellement.

On a fait appel à l’avenir, et à l’école qui doit le préparer. À ce propos, comment ne pas rappeler que nous avons eu à Clermont-Ferrand un congrès des Amicales des instituteurs, et que, en dépit des paroles excellentes par lesquelles M. Briand, ministre de l’Instruction publique, l’avait préparé à Besançon, et des paroles non moins bonnes non moins patriotes, non moins fermes, que M. Gasquet, directeur de l’enseignement primaire, y a prononcées, ce congrès n’a pas été de nature à décourager les espérances de ceux qui veulent introduire l’anarchie dans l’administration et exclure le patriotisme de l’école. Il a émis un vœu, adressé aux pouvoirs publics, pour leur demander la réintégration de l’instituteur Nègre, et il a refusé, au milieu de vociférations indignées, de voter, sur la proposition de M. Félix Comte, un hommage à nos soldats qui combattent au Maroc, ou qui y ont succombé. On en voulait, paraît-il, à M. Comte ; on l’accusait de nationalisme parce qu’il avait déjà pris ailleurs la défense du patriotisme dans l’école. Singulier motif de réprobation ! Mais si M. Comte déplaisait, un autre ne pouvait-il pas reprendre sa proposition sous une nouvelle forme ? On n’en a rien fait. Les quelques mots prononcés pas le président du Congrès, M. Monjotin, qui a déclaré qu’on ne pouvait pas mettre en doute le patriotisme des instituteurs, a donné une satisfaction très insuffisante à la conscience publique : elle est restée fort troublée de cet incident. Que deviendrons-nous si les sources mêmes ouvertes à l’intelligence de nos enfans sont empoisonnées ? Quels progrès n’a-t-on pas faits dans le sens de l’anarchie morale depuis que la liberté de l’enseignement a reçu de si rudes atteintes ? Est-ce pour ce motif qu’on annonce l’intention d’en faire disparaître les derniers restes ?


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.