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magne (non sans difficultés et tension passagère), de l’Autriche, de la Norvège, de l’Espagne ; tantôt, comme en France et en Italie, il y a rupture, divorce, action séparée. C’est pour établir une règle commune, que la question des rapports entre les syndicats et les socialistes, imposée par les circonstances, a été portée à l’ordre du jour du Congrès de Stuttgart. Sur cette question, les Français et les Allemands se sont livré la première bataille.

Il existe trois façons de comprendre l’action syndicale, et toutes les trois ont été soumises au Congrès ou exposées dans la commission. Il y a celle des Trade-Unions anglaises, les plus anciennes et les plus riches. Ces unions forment l’aristocratie du travail. Elles choisissent des chefs capables et éprouvés, parmi lesquels le parti libéral recrute parfois ses secrétaires d’État. Gérant à merveille leurs propres affaires, elles ne se soucient guère de chercher aide et appui auprès des politiciens socialistes. Lorsque, il y a quelques années, un parti du travail s’est fondé en Angleterre, en vue de préparer et de subventionner des candidatures ouvrières au Parlement, un certain nombre de grandes unions y sont entrées, conjointement avec l’organisation socialiste qui porte le nom d’Independent Labour party, mais elles n’ont jamais consenti à signer un programme socialiste : l’agitation pour une seule réforme, en temps opportun, leur semble préférable à toutes les chimériques exigences.

Par une contradiction assez singulière, ces Trade-Unions ont envoyé des délégués au Congrès de Stuttgart. Les Marxistes anglais de la Socialdemocratic Federation, à cheval sur le règlement, ont protesté énergiquement contre l’admission d’associations ouvrières, qui ne reconnaissent pas le principe de la lutte de classes. Que les ouvriers aient, avec les patrons, des intérêts antagonistes sur les questions de salaires et de temps de travail, c’est l’évidence même. Mais ces unions prétendent aussi que patrons et ouvriers ont des intérêts communs : en premier lieu, la prospérité générale de l’industrie. L’idée d’une guerre perpétuelle avec les patrons, jusqu’à l’écrasement final, ne peut entrer dans leurs têtes.

En dépit de cette hérésie, M. Vandervelde, qui revêt la haute dignité de président du Bureau international, M. Vandervelde, l’homme de la conciliation, est venu expliquer au Congrès