Dès les premiers jours, le public avait compris que le jeune contrebandier n’en voulait qu’aux Fermes générales, et, comme celles-ci étaient détestées, Mandrin avait le public pour lui. « Tout le peuple est pour ces révoltés, écrit le marquis d’Argenson, puisqu’ils font la guerre aux fermiers généraux. » Cependant il arrivait que de bonnes gens, tout en louant Mandrin de son entreprise, lui demandaient pourquoi il massacrait tant d’employés.
« — Attendez que nous en ayons pendu le dernier ; ils en ont fait périr impunément bien plus des nôtres.
— Mais pourquoi vous faites-vous donner de si grosses sommes par les directeurs des Fermes, leurs entreposeurs et leurs commis ?
— C’est un cas de conscience. Ce n’est là que le commencement des restitutions que les fermiers généraux nous doivent. De quoi se plaint-on ? Nous gracieusons le bourgeois, nous payons bien au cabaret. »
Au fait, on ne se plaignait pas.
Le 9 juillet 1754, Mandrin était de retour en Suisse. Durant
- ↑ Voyez la Revue du 1er août 1907.