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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 41.djvu/698

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parlementarisme allait devenir un leurre était celui où le Centre s’évanouissait.


VI

Mais il ne s’évanouissait que pour se préparer à renaître. De la Chambre berlinoise, il nous faut, tout de suite, dès le début de l’année 1864, émigrer dans une salle basse, au fond d’un village de Westphalie : c’est là, durant l’interrègne parlementaire, que devait se compléter et s’achever l’éducation politique des catholiques prussiens.

Le 16 décembre 1863, Wilderich de Ketteler et Alfred Hüffer, beau-frère de Mallinckrodt, convièrent quelques-uns de leurs coreligionnaires westphaliens à se réunir un mois plus tard à l’auberge, dans la bourgade de Soest, pour d’urgentes causeries. On ne devait pas, à ce rendez-vous, s’occuper de campagnes électorales ; ce que voulait Alfred Hüffer, l’instigateur véritable de cette originale tentative, c’était que les catholiques se missent d’accord sur certains principes fondamentaux, sur certaines doctrines politiques et sociales. En quinze ans d’activité parlementaire, le loisir leur avait manqué pour ce travail d’études ; mais puisque l’hiver de 1863 paraissait les condamner, pour quelque temps, à un certain chômage politique, l’heure était venue de scruter les « assises positives chrétiennes » sur lesquelles la société devait être consolidée, ou même reconstruite. Hüffer aimait les besognes discrètes : peu lui importait, pour l’instant, que la salle d’auberge dans laquelle il allait grouper une originale clientèle demeurât inaperçue dans la vaste Allemagne. Il détestait les façades ; il jugeait parfaitement inutile de créer à Soest une association de plus ; des causeries amicales devaient suffire, et ce serait affaire aux interlocuteurs, rentrés chacun dans leur coin de Westphalie, d’insinuer ou de propager les conclusions élaborées à Soest. C’est le 12 janvier 1864 qu’eut lieu la première rencontre ; l’aubergiste eut ce jour-là douze convives, qui allaient devenir douze apôtres. En février, en avril, de nouveaux noms s’inscrivirent sur les listes de Hüffer, mais on ne tenait pas à être nombreux, ni à manifester ; on s’entr’aidait pour arriver à une bonne formation et pour ébaucher un bon programme.

L’initiative de Hüffer trouva dans la personne de Schorlemer