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sous ce nouveau nom, de hautes destinées l’attendaient, dont l’épanouissement dure encore.


VII

Des indices nombreux, durant les années qui précédèrent la guerre, attestaient aux catholiques prussiens que les circonstances les amèneraient, bientôt, à donner à leur presse une allure militante, et puis, profitant des leçons prises à Soest, à renouveler leur ancien groupement. Sourdement une offensive antireligieuse se préparait. La Constitution prussienne, la division catholique, la personnalité même de Geissel, avaient été des élémens de paix ; ces élémens s’amoindrissaient ou disparaissaient. Une brèche s’était ouverte dans le réseau de garanties que leur avait ménagé la Constitution ; ils se heurtaient désormais, dans leurs requêtes, à un jugement rendu par le tribunal suprême en 1863, d’après lequel, en dépit de l’article 15 de la Constitution, les textes de loi hostiles à l’autonomie ecclésiastique qui n’étaient pas formellement abrogés demeuraient en vigueur. La cordialité de la « division catholique » à l’endroit des évêques était parfois paralysée, depuis qu’on avait créé, comme intermédiaire entre le ministère des Cultes et le chef de cette division, un sous-secrétaire, qui appartenait à la confession évangélique. Enfin la disparition du cardinal Geissel en 1864 laissait l’Eglise prussienne sans tête : dans le rôle qu’il jouait avec une inimitable souveraineté, personne ne pouvait le remplacer.

On put se demander un instant si cette disparition même n’allait pas amener un conflit entre l’Etat prussien et la majorité des chanoines de Cologne, défenseurs de la liberté de l’Eglise. La pratique qu’avait inaugurée, un quart de siècle plus tôt, le gouvernement de Frédéric-Guillaume IV, fut subitement remise en question. Fidèle aux précédens, le chapitre de Cologne, par 10 voix contre 6, fit choix, le 26 octobre 1864, de cinq personnalités ecclésiastiques dont la nomination au siège archiépiscopal lui paraissait digne d’être étudiée. La liste fut soumise au gouvernement. Lorsque, huit ans plus tôt, l’évêché de Paderborn était devenu vacant, trois des noms proposés par les chanoines du diocèse avaient été effacés par le gouvernement, à titre de personæ minus gratæ ; et le droit électoral du chapitre, qui