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NOTRE SITUATION MILITAIRE

Le traité de Francfort, résultat de la guerre 1870-71, a créé en Europe un état d’instabilité susceptible d’engendrer inopinément les plus graves conflits. Dans la situation actuelle, nous avons à envisager particulièrement une lutte éventuelle entre la France et l’Allemagne. L’accroissement continu des forces de l’armée allemande, leur poussée vers l’Ouest, les énormes dépenses consacrées annuellement par nos voisins aux fortifications de leur frontière occidentale, nous imposent le devoir d’être constamment prêts au combat. Il est donc intéressant de comparer notre situation militaire à celle de l’Allemagne au moment où nos institutions viennent de subir, par suite de l’application de la loi du 21 mars 1905, une transformation dont les conséquences sont fort graves.

Avant d’examiner la situation réciproque des deux armées, il semble utile de rappeler en quelques mots les dispositions qui, de part et d’autre, sont prises en vue d’un conflit. Les unités de combat, compagnies, escadrons, batteries, comportent un effectif de paix inférieur à leur effectif de mobilisation ; par conséquent, au moment de la déclaration de guerre, toutes ces unités doivent se compléter au moyen de gradés, d’hommes pris dans la réserve et de chevaux réquisitionnés ; elles ont d’ailleurs à leur portée, en tout temps, le matériel nécessaire à leur mise sur le pied de guerre. Les opérations de l’appel des réservistes et surtout celles de la réquisition des chevaux exigent quelques jours, après lesquels l’unité dite mobilisée est embarquée en chemin de fer et dirigée sur un point déterminé à l’avance, en deçà de la frontière, dans une région appelée zone de concentration.