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(Remiremont et Belfort], deux divisions du 20e corps (Toul et Nancy), plus quelques bataillons de chasseurs et la division de cavalerie de Lunéville, soit au total 65 bataillons, 56 escadrons, 46 batteries ou 184 canons. En infanterie, notre couverture représente 10 pour 100 de nos forces totales. En Allemagne, la couverture comprend une division du XIVe corps d’armée (Colmar) et les XVe et XVIe corps (Strasbourg et Metz), soit au total 76 bataillons, 55 escadrons, 66 batteries ou 396 canons ; ce qui, pour l’infanterie, représente 12 pour 100 des forces totales[1]. La proportion de nos troupes de couverture par rapport aux effectifs des unités allemandes est donc : l’égalité en cavalerie, 80 pour 100 en infanterie, 46,5 pour 100 en artillerie. Proportionnellement nous consacrons à notre couverture un peu moins de forces que l’Allemagne ; cependant, la situation n’a rien de critique, sauf en ce qui concerne l’artillerie.

Si nous cherchons comment sont réparties les unités de couverture sur la frontière qui s’étend du Luxembourg jusqu’à la Suisse, frontière dont le centre se trouve à Nancy pour la France, à Château-Salins pour l’Allemagne, nous voyons que nos forces sont principalement groupées au centre à Toul, Nancy, Saint-Nicolas et Lunéville, dont les garnisons comprennent 26 bataillons, 48 escadrons et 22 batteries de l’armée de campagne.

En dehors de ce groupement très fort, on en trouve trois autres, d’une division chacun, à Verdun, à Saint-Mihiel et dans les Vosges. Les forces de couverture allemandes sont, au contraire, plus dispersées sur la frontière : elles présentent deux groupemens importans, l’un à Metz (17 bataillons, 10 escadrons, 15 batteries), l’autre à Strasbourg (14 bataillons, 5 escadrons, 9 batteries), ces deux villes étant distantes l’une de l’autre de 130 kilomètres ; le reste est réparti dans les garnisons, depuis Thionville jusqu’à Mulhouse, en petits paquets comprenant de 1 à 6 bataillons. Cette différence dans la répartition des troupes répond aux tendances stratégiques différentes qui se manifestent en France et en Allemagne. La stratégie allemande, telle qu’on peut la deviner d’après les écrits militaires récens et les manœuvres, consiste à faire marcher l’armée sur un grand front, chaque division ayant une route assignée, — ce que permet la richesse du réseau routier, — avec de fortes

  1. Si nous comprenions dans la couverture la 2" division bavaroise à Landau, cela porterait à 14 p. 100 les forces d’infanterie affectées à cette mission.