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beaucoup y inclinaient. « Parmi ceux-là, disait-il, la plupart sont des radicaux de date récente qui nous traitaient de la belle façon dans les temps de lutte, mais qui sont venus à nous quand la victoire s’est dessinée, et qui ne seraient pas fâchés, en revenant à leurs anciennes amours, de les couvrir de leur nouvelle étiquette. D’autres sont d’anciens radicaux, éprouvés aux heures difficiles, mais qui ont déteint, comme cela est arrivé souvent. Il y a plus d’un an que nous résistons à leurs efforts pour rejeter le parti vers le centre. Les maladroits avouent naïvement leur intention de chercher, dans le voisinage de M. Ribot, des alliances pour remplacer celle des socialistes. Les malins n’ont garde d’avouer de telles arrière-pensées. A quoi bon ? Une fois la rupture consommée, et quand on sera devant le suffrage universel, il faudra bien, ou se condamner à disparaître, ou chercher ses appoints du second tour, soit adroite, soit à gauche ; et si on ne les cherche pas à gauche, on aura mauvaise grâce à arborer un programme de réformes odieux à ces nouveaux aidés. » M. Pelletan préside le Congrès de Nancy : que conseillera-t-il à ses amis ? Une oscillation dans un sens, une oscillation dans l’autre : après quoi le parti, ayant satisfait à toutes les convenances, reprendra son vieil équilibre. Il l’essaiera du moins.

Telle est la situation du gouvernement, telle est celle des principaux partis à la veille de la rentrée parlementaire : elle est confuse, et il faudra quelque temps pour qu’elle s’éclaircisse. Une seule chose est certaine : M. Clemenceau a exposé à Amiens une politique qui n’est pas celle qu’il fait, et il lui est impossible de faire celle qu’il présente pourtant comme nécessaire. Quant au parti radical-socialiste, il est arrivé à un de ces momens où il faut prendre un parti difficile, et il s’aperçoit aussitôt que son unité n’est qu’apparente, que des divergences sérieuses existent parmi ses membres. Les progressistes, eux, n’ont qu’à rester eux-mêmes et à attendre. C’est le seul parti dont on puisse dire que sa situation s’est améliorée. Sa fidélité à ses principes est son honneur et sa force. Il les perdrait s’il sacrifiait aux radicaux une partie de son programme, alors surtout qu’un si grand nombre d’entre eux tiennent si peu au leur.


Nous disions, il y a quinze jours, en annonçant son arrivée à Rabat, que le Sultan du Maroc ne pouvait rien faire de plus sage que de nous témoigner de la confiance, de nous demander notre concours, de contribuer dans la mesure de ses forces, qui n’est pas bien grande, à l’apaisement autour de Casablanca, et ultérieurement à la