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puis conseiller à l’ambassade d’Allemagne à Paris, et qui y a laissé les meilleurs souvenirs. Sa marche ascendante a été depuis rapide et brillante. Les deux derniers postes qu’il a occupés sont Copenhague et Saint-Pétersbourg. Dans le premier, il a travaillé d’une manière très efficace à un rapprochement entre le Danemarck et l’Allemagne ; et dans l’autre il a préparé les deux dernières entrevues de l’empereur Guillaume avec l’empereur Nicolas. En un mot, il a bien servi les intérêts de son pays et il a su mériter la confiance de son souverain. Mais, bien que sa nomination au ministère des Affaires étrangères n’ait rien qui, de près ni de loin, puisse nous porter le moindre ombrage, le départ de M. de Tchirschky ne saurait nous être indifférent. M. de Tchirschky a eu une part personnelle dans la politique qui a fini par amener quelque détente dans les rapports de l’Allemagne et de la France. S’il a pratiqué cette politique, c’est assurément parce qu’elle était conforme aux vues de l’Empereur, et c’est pourquoi nous espérons bien qu’elle ne sera pas changée ; mais la netteté de ses idées, la droiture de son caractère, le penchant de son esprit à chercher les solutions conciliantes ont heureusement servi cette politique, en même temps que ces qualités faisaient de lui un négociateur bienveillant. Pourquoi donc a-t-il quitté le ministère des Affaires étrangères ? La raison qu’on en donne est qu’il le désirait lui-même parce qu’il n’était pas orateur et que, s’il était fort à sa place dans le cabinet, il l’était beaucoup moins et même qu’il ne s’y sentait pas du tout à la tribune du Reichstag. Nous ne savions pas que le gouvernement impérial fût un gouvernement aussi parlementaire, surtout en ce qui concerne la politique extérieure ; et il semble bien que la parole du prince de Bülow pouvait couvrir et relever les défaillances qu’on attribue à celle de M. de Tchirschky. Mais chacun sent ses aptitudes et doit désirer les exercer dans les meilleures conditions. M. de Tchirschky a préféré une ambassade à son ministère, et on lui a donné celle de Vienne, qui a une si grande importance pour l’Allemagne. Tout est donc pour le mieux, et nous ne nous arrêterons pas davantage aux commentaires que ce changement de personnes a provoqués dans la presse du monde entier.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.