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LA
FIN D’UNE RIVALITÉ SÉCULAIRE

LA DERNIÈRE CONVENTION ANGLO-RUSSE

Le traité anglo-russe du 30 août 1907 met fin à un antagonisme qui était un objet d’inquiétudes générales depuis un siècle. L’accord règle de délicates questions de frontières, sources de tension, de difficultés et de dépenses pour les deux pays. Il légalise les positions qu’occupaient en fait dans l’Asie centrale la Russie et l’Angleterre. Œuvre de sagesse, il s’inspire heureusement de principes concilians, d’un esprit d’abstention réciproque, et repose sur cette vérité que toute politique, pour être saine et durable, doit être fondée sur des concessions mutuelles. Consacrant l’abandon du vieux système qui a conduit ces deux puissances à des annexions indéfinies, à des dépenses croissantes et à l’immobilisation d’une importante partie de leurs forces en Asie, il inaugure une politique qui témoigne d’un sens plus pratique de leurs intérêts. Mais l’importance internationale de ce document en dépasse le texte étroit. Rompant avec les traditions de jalousie qui existaient entre ces deux puissances, il fonde entre elles une paix durable. Il a une portée européenne supérieure encore à sa portée asiatique. Sa signature complète heureusement l’ensemble des accords dus à la haute initiative du roi Edouard VII, et dont le point de départ a été l’accord anglo-français. Il doit être considéré comme un des meilleurs gages de la paix mondiale. Ce sont ces considérations que nous allons faire ressortir, après avoir exposé succinctement la marche de