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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/160

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point, pas plus que Byron, qui nous affirme que les nymphes n’eurent jamais pour se baigner un plus pur cristal :


the most living crystal that was e’er
The haunt of the river nymph, to gaze and lave
Her limbs


Après une série d’autres petits ponts sur les nombreux bras du Teverone, qui va rejoindre le Topino en arrosant les champs de Bevagna, l’ascension commence. Les chevaux se mettent au pas ; le cocher descend de son siège : en voilà pour une bonne heure ! Mais c’est une si douce sensation de s’élever ainsi au-dessus de l’une des plus glorieuses plaines du monde, au milieu des oliviers argentés frissonnant sous le blond soleil, que l’on trouve presque la route trop courte. La volupté est complète : joie de l’âme et de l’esprit, joie aussi de « notre frère le corps, » pour parler comme saint François. A mesure que l’on monte, les pics, les collines, les vallons se dessinent. Derrière les coteaux, les bourgades paraissent, surgissent à chaque pli du terrain. Dans le creux, la vallée s’étale, parfaitement unie : on se rend compte qu’elle est l’ancien lit d’un lac desséché.

A l’entrée de Montefalco, une femme, très belle, au type antique, passe, une corbeille posée sur la hanche, vivante statuette de Myrina, harmonieuse et souple comme une vierge de la procession des Panathénées.

Pendant qu’à l’auberge de la Poste on me prépare une chambre et un frugal déjeuner, je cours à San Francesco. Le gardien s’approche de moi, grave et vénérable. D’un geste large, il m’invite à pénétrer dans « son » église.

Rien n’est lamentable d’aspect comme un sanctuaire désaffecté. Toute mort nous émeut ; mais celle-ci plus qu’une autre, parce que la vie s’est éteinte là où elle fut plus qu’ailleurs fervente. Pourtant, mieux vaut encore avoir laissé ces peintures aux places où les artistes les conçurent. Transportées dans un musée, des fresques me rappellent ces oiseaux des îles qui, blottis dans un coin de leur cage, grelottent sous notre ciel froid et nous regardent d’un œil morne et douloureux.

Le custode m’indique la madone de Giotto, les œuvres complètement restaurées, celles qui commencent à apparaître sous le crépi blanc. Presque tous les peintres ombriens sont