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5 ventôse, Emile Clément de Ris écrivait, de Tours, à sa sœur : « J’ai reçu ta lettre hier. J’y vois avec plaisir que le Comité de sûreté générale commence à s’occuper de notre affaire et qu’elle ne sera pas si longue que je le pensais. C’est bon. Dubois-Crancé et Santerre sont ici. Il y a trois jours, celui-ci vint au club et demanda la parole. On la lui refusa sous prétexte qu’il n’avait qu’une carte de la Société d’Orléans. Il fut donc obligé de s’asseoir, n’étant pas du tout content de ce qu’on venait de lui faire. En s’en allant, il reconnut mon frère. Après les premiers complimens, il lui demanda des nouvelles de papa. Mon frère lui répondit que papa avait été arrêté. Santerre a promis d’écrire au Comité de sûreté générale. Avant-hier, Dubois-Crancé et Santerre sont venus à la Société populaire. Chalmel, qui est vice-président, leur avait fait un petit discours : le Représentant a fort bien répondu. Il paraît qu’il n’a pas mauvaise opinion de la ville de Tours. »

Le lendemain de ce jour (6 ventôse), le Comité de sûreté générale rendait l’arrêté suivant :


« Vu les pétitions, mémoires, et renseignemens produits : le Comité de sûreté générale arrête que les citoyens Clément de Ris et Texier-Olivier, Administrateurs du département d’Indre-et-Loire, seront mis sur-le-champ en liberté, et que les scellés apposés sur leurs papiers et effets seront levés sans retard.

« Signé : VADIER, VOULLAND, JAGOT, LOUIS du Bas-Rhin, LE BAS.

« Pour copie conforme : le Représentant du peuple, membre du Comité, chargé de la correspondance, GUFFROY.


Ainsi Clément de Ris et Texier triomphaient de toutes les inimitiés suscitées contre eux.

Quelques jours plus tard, munis d’un laissez-passer délivré, dès le 7 ventôse, par le Comité de sûreté générale, ils quittaient Paris pour aller reprendre leurs fonctions. Ils ne s’arrêtèrent qu’à Mer, le temps d’embrasser Garnier de Saintes, qui, à la première nouvelle de la libération, avait écrit, de Blois, à Clément de Ris : « Tu m’as donné un agréable dessert, mon cher ami. Je reçois ta lettre à onze heures du soir. Elle m’annonce ta délivrance et celle de ton estimable collègue. Vive la patrie ! Souffrir pour elle, c’est sentir plus vivement le prix de l’amour qu’on lui porte. Hâte-toi de venir recevoir les embrassemens de