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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 42.djvu/279

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nous devons obtenir une paix dont les termes pourront être considérés comme satisfaisais pour l’honneur de la France et de l’Angleterre, et comme donnant une juste compensation pour les énormes sacrifices que les deux pays ont faits. Une autre considération encore me porte à attacher le plus haut prix à cet accord parfait, c’est que si, par son absence, nous étions entraînés dans une paix qui ne satisferait point la juste attente de nos peuples, cela donnerait lieu à des plaintes et à des récriminations qui ne pourraient manquer de fausser les relations amicales des deux pays au lieu de les cimenter davantage, comme mon cœur le désire ardemment.

D’ailleurs je ne doute pas un moment qu’une paix telle que la France et l’Angleterre ont le droit de la demander sera bien certainement obtenue par une détermination inébranlable de ne point rabaisser les demandes modérées que nous avons faites.

Vous excuserez. Sire, la longueur de cette lettre, mais il m’est si doux de pouvoir épancher mes sentimens sur toutes ces questions si importantes et si difficiles, avec une personne que je considère non seulement comme un allié fidèle, mais comme un ami sur lequel je puis compter en toute occasion, et qui, j’en suis sûre, est animé envers nous des mêmes sentimens.

Le Prince me charge de vous offrir ses hommages les plus affectueux, et moi je me dis pour toujours, Sire et cher frère, de V. M. I. la très affectionnée sœur et amie.


Lord Clarendon à la reine Victoria.


Paris, 30 mars 1856.

Lord Clarendon présente ses humbles devoirs à Votre Majesté et a humblement l’honneur de la féliciter à l’occasion de la signature de la paix qui a eu lieu cet après-midi. Sans aucun doute, une autre campagne aurait jeté encore plus de gloire sur les armes de Votre Majesté, et aurait permis à l’Angleterre d’imposer à la Russie des conditions différentes ; mais si l’on met en parallèle le coût et les horreurs de la guerre, maux qui par eux-mêmes sont les plus grands, nous ne pouvons certifier que la victoire n’aurait pas été trop chèrement achetée. — La continuation de la guerre aurait été à peine possible avec ou sans la France. — Si nous étions parvenus à l’entraîner, ce n’est qu’avec