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Quatrièmement, la Reine voit la difficulté qu’il y a à faire actuellement des offres précises quelconques à la France, mais elle doit en même temps répéter qu’elle attache une haute et extrême importance à ce qu’on en arrive à quelque arrangement conciliant avec [nos voisins], car elle ne peut pas croire que les appels que lui adresse le roi des Français soient seulement un acte d’habile diplomatie. L’ardent et seul désir de la Reine est la paix et le maintien de relations amicales avec ses alliés, dans la mesure où le permettent l’honneur et la dignité de son pays. Elle ne trouve pas, toutefois, qu’ils seront compromis, si on essaie de calmer l’irritation qui existe encore en France, ou de la ramener à sa première attitude vis-à-vis la question d’Orient.

Elle espère sincèrement que lord Palmerston pèsera tout ceci, réfléchira sur l’importance qu’il y a à ne pas réduire la France aux mesures extrêmes et à faire acte de conciliation, sans montrer de la crainte (car nos succès sur les côtes de Syrie prouvent notre force), ni céder aux menaces. La France a été humiliée, et elle est dans son tort. Par conséquent, il nous est plus facile que si nous avions eu des échecs de faire un effort pour remettre les choses en bonne voie. La Reine a ainsi franchement exprimé son opinion : elle a cru de son devoir de la faire connaître à lord Palmerston, et elle est sûre qu’il verra qu’elle n’est dictée que par son ardent désir de voir tout le monde aussi d’accord que possible sur cet important sujet.


Le roi des Belges au prince Albert.


Laeken, 26 novembre 1840.

… Quant à la politique, je ne désire pas en parler beaucoup aujourd’hui. Palmerston, rex et autocrate, est, pour un ministre qui se trouve dans des circonstances si heureuses, beaucoup trop irritable et violent. On ne comprend pas qu’il soit utile de montrer tant de haine et de colère. Ce qu’il dit sur l’appel fait aux sentimens personnels de la Reine par le roi des Français est enfantin et méchant, car ils n’ont jamais existé.

Le Roi fut pendant de longues années le grand ami du duc de Kent ; après sa mort, il resta celui de Victoria. Ses relations avec elle ont, jusqu’en 1837, passé par des phases très variées. Elle fut longtemps un objet de haine pour la famille, qui n’avait pas traité le duc de Kent très amicalement, et la preuve en est