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mais s’accroissent[1]. Ce faible progrès peut, à bon droit, passer pour inquiétant, si l’on considère le développement du trafic total de l’Empire ottoman et les succès des Allemands et des Italiens ; il justifie les cris d’alarme que jette de temps à autre la Chambre de commerce française de Constantinople. Il serait temps, si nous ne voulons pas déchoir, d’adopter des méthodes commerciales plus modernes, plus pratiques, de développer chez nous l’enseignement commercial et de ne plus attendre la clientèle comme au temps où nous étions seuls en mesure de la servir. L’ouverture des nouvelles voies de pénétration en Asie Mineure et en Syrie ne saurait manquer d’amener un grand essor du trafic international dont il faudrait nous préparer à prendre notre part. Après un succès passager de la camelote et des contrefaçons allemandes, nos industriels et nos commerçans, s’ils soutiennent énergiquement la lutte, peuvent espérer voir revenir à eux les consommateurs mieux informés. Nulle part les commerçans français ne peuvent trouver des conditions plus favorables qu’en Turquie, où l’on parle leur langue et où l’on aime leur patrie et sa civilisation. L’influence que l’Italie et l’Allemagne s’efforcent laborieusement de conquérir, la France d’aujourd’hui l’a héritée toute faite de la France d’autrefois. C’est l’étonnement et la joie de tous les voyageurs, quand ils pénètrent dans le monde oriental, d’entendre, où qu’ils aillent, sonner à leurs oreilles leur langue nationale, de trouver, jusque dans l’intérieur de l’Asie Mineure, des écoles françaises remplies de petits bambins de toutes les races et de toutes les religions qui, sous la discipline d’un religieux ou d’une bonne sœur française, apprennent à épeler notre langue et à connaître notre pays. Plus de 110 000 élèves fréquentent les écoles, presque toutes congréganistes, subventionnées ou seulement protégées par l’Etat français[2], et chaque année leur nombre va croissant ; ce sont ces enfans qui, répandus dans tout l’Empire, dans les maisons de commerce, dans les chemins de fer, dans les banques,

  1. COMMERCE FRANCO-TURC
    Dates Importations ottomanes en France Exportations françaises en Turquie
    1904 91 383 000 51 071 000
    1905 100 967 000 53 028 000
    1906 108 112 000 (dont 37 millions de soies) 58 743 000
  2. Voyez le Rapport de M. Paul Deschanel sur le budget de 1907 et les excellens articles publiés dans la Revue politique et parlementaire, par M. Gaston Bordat (n° du 10 février 1906 et du 10 mai 1907).