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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le nuage qui enveloppe la question de l’impôt sur le revenu s’épaissit de plus en plus. Pendant les vacances, M. le ministre des Finances a mis sur pied l’administration des contributions directes et lui a ordonné de procéder à un certain nombre de « sondages » dont tout le monde a entendu parler, mais dont on ignorait jusqu’ici le véritable résultat. De temps en temps, une note officieuse affirmait qu’ils étaient excellens, mais d’autres renseignemens, qui ne semblaient pas moins sûrs, entretenaient à cet égard le scepticisme, et on attendait avec impatience la rentrée des Chambres dans l’espoir que M. le ministre des Finances donnerait à la Commission de législation fiscale des lumières dont chacun pourrait profiter. M. Caillaux a comparu en effet devant la Commission, et là, se défiant de l’improvisation qu’il a pourtant très facile, il a lu une lettre de quelque étendue adressée au président, M. Camille Pelletan. C’est un singulier document que cette lettre. Il s’en faut de beaucoup qu’on y ait trouvé les éclaircissemens qu’on attendait, et on a même pu se demander par momens si, comme cela était déjà arrivé dans une autre circonstance, M. Caillaux avait pris la plume pour défendre l’impôt sur le revenu ou pour en montrer quelques-uns des défauts les plus inquiétans. Ce qui s’est passé dans la Commission immédiatement après cette lecture, et ce que des notes contradictoires nous ont appris depuis sur les résolutions du Conseil des ministres a encore accru la confusion des esprits. Il est difficile de savoir où on en est aujourd’hui, et impossible de prévoir où on en sera demain. Tel a été le premier résultat de la confrontation de M. le ministre des Finances avec la Commission de législation fiscale. Enfin l’intervention de M. Jaurès, auquel un froncement de sourcil et un éclat de voix ont suffi, comme