dès qu’il en est mécontent ? Aussi le pays a-t-il perdu aux élections dernières les illusions qu’il pouvait encore avoir conservées sur les assemblées délibérantes, et c’est évidemment à cette déception qu’il faut attribuer les abstentions qui se sont produites en masse. A quoi bon faire un effort destiné à être aussi stérile que ceux d’hier ? Mais M. Stolypine voulait une Douma, et ce qu’il veut, il le veut bien. D’autres que lui auraient pu s’en tenir à la seconde expérience, qui avait produit de si médiocres résultats. Il a résolu d’en faire une troisième, en mettant toutefois des chances nouvelles de son côté, et pour cela, il n’a plus hésité à remanier la loi électorale. Il l’a même remaniée si profondément qu’il la rendue méconnaissable. Nous ne reviendrons pas sur les détails très précis qu’a donnés à ce sujet, il y a quelques semaines, M. Anatole Leroy-Beaulieu : les résultats seuls nous intéressent aujourd’hui. Sont-ils bien ceux que M. Stolypine désirait ?
A dire vrai, nous n’en savons rien. Si M. Stolypine poursuivait seulement l’extermination des cadets, il a atteint son but : les cadets ne sont plus qu’une quarantaine dans la Douma, quantité destinée à rester négligeable si elle ne trouve pas le moyen de s’unir à une autre. Mais l’écrasement des cadets a un caractère tout négatif ; on est débarrassé d’eux, soit ; ce qui importe maintenant est de savoir si on pourra faire en dehors d’eux une majorité. On le pourra si les conservateurs de droite, qui sont environ 200, marchent d’accord avec les octobristes, les rénovistes et les modérés qui sont environ 130 : cela ferait une énorme majorité de 330 voix sur 442 dont l’assemblée se compose. Mais si, dans les premières Doumas, le danger était à gauche, aujourd’hui il est à droite. M. Stolypine est un libéral à sa manière ; il est, en tout cas, un constitutionnel ; il croit à la nécessité d’un contrepoids à l’absolutisme, et d’un contrôle dans un gouvernement qui continue de se dire autocratique. Les réactionnaires de droite ont des idées bien différentes et, comme ils sont de beaucoup le groupe le plus nombreux de l’Assemblée, ils chercheront à les imposer. Que feront alors les octobristes ? Ils sont, comme leur nom l’indique, partisans de la constitution que l’Empereur a spontanément donnée à son peuple au mois d’octobre 1905, et sinon exclusivement de celle-là, au moins d’une constitution quelconque. Comment resteront-ils d’accord avec la droite, ou du moins avec la partie de la droite qui est aveuglément réactionnaire ? Et s’ils rompent un jour avec elle, où chercheront-ils ailleurs des alliés ? Sera-ce auprès des cadets, ou des nationalistes polonais et autres ? Il est impossible de