l’insurrection polonaise avait établie entre elle et la Prusse, laissait faire.
Klaczko avait rêvé une alliance austro-française en conformité des déclarations faites en 1815 par Metternich au Congrès de Vienne, une alliance qui aurait brisé la ligue absolutiste du Nord, relevé les intérêts catholiques, « qui, quoi qu’on en ait dit, seront toujours des intérêts français, » préservé les peuples déshérités du Danube et des Balkans de la propagande délétère du panslavisme moscovite, préparé la solution de la redoutable question d’Orient au profit de la véritable civilisation, abaissé enfin la monarchie rapace du grand Frédéric, éloigné de la France les très réels périls d’une future unité allemande, racheté pour l’Italie « la perle de l’Adriatique » au moyen de compensations faciles alors à trouver, et assuré la régénération de la race latine. « L’esprit demeure confondu, dit Klaczko, devant les perspectives radieuses qu’une pareille alliance ouvrait à l’humanité. Les dieux jaloux, et les Anglais plus jaloux encore que les dieux de l’Olympe, ont empêché une telle combinaison d’aboutir. »
Mais, pour cela, il eût fallu une entente de l’Europe, et l’Europe était alors en proie à une véritable anarchie. « Ni ligue libérale, ni ligue absolutiste. Rien que des monades emportées par le premier vent qui soufflait. Les destinées du monde, c’était la Prusse qui semblait les tenir dans sa main. » On laisse alors mettre en question le droit lui-même. On va jusqu’à se demander si le Danemark n’aurait pas quelques torts réels. Et, comme toujours, le faible est sacrifié devant une Europe unanime à blâmer et à tolérer en même temps la primauté de la force sur le droit. Quant à la Pologne qui, un moment, avait espéré quelque appui, elle retomba sous le joug de ses oppresseurs. Pour elle aussi, on avait laissé faire, et, comme M. de Bismarck l’avait fait pressentir, c’était son exemple qui avait amené la campagne du Sleswig. « Les événemens qui se passent en Pologne, mandait sir Andrew Buchanan au comte Russell, le 28 novembre 1863, ont amené les Allemands à croire que personne ne s’opposerait par les armes à l’œuvre de spoliation contre le Danemark. » Telle est la moralité que Klaczko place à la fin de ses Études de Diplomatie contemporaine et qui forme en effet la conclusion logique de cette douloureuse histoire.
L’écrivain polonais ne lâchait pas M. de Bismarck devenu l’objet même de ses observations. Il s’était voué à la tâche